email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

IFFR 2019 Compétition Tiger

Critique : Sons of Denmark

par 

- Ce premier long-métrage d'Ulaa Salim, récit épique sur le terrorisme fanatique à Copenhague, suit un policier pris en étau entre islamisme et nationalisme

Critique : Sons of Denmark

La Compétition Tiger du Festival international de Rotterdam (23 janvier-3 février) a été ouverte en fanfare par un premier long-métrage danois, oeuvre d'Ulaa Salim, qui fait écho à Martin Scorsese et Jacques Audiard : Sons of Denmark [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Elliott Crosset Hove
interview : Ulaa Salim
fiche film
]
, un thriller explosif qui mêle politique, famille et procédure politique pour un résultat flambant. Salim montre un Copenhague plongé dans le chaos, où les nationalistes blancs d'extrême-droite s'opposent aux intégristes islamistes, dans une guerre des cultures où la colère de chacun de ces deux groupes nourrit celle de l'autre.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Le titre renvoie au nom d'un groupe de néonazis qui croient dans le rapatriement forcé, même pour les citoyens danois de longue date. Leur fureur est exacerbée par un attentat en particulier, qui hante le générique de début du film. Des cendres renaît Martin Nordhal (Rasmus Bjerg), qui est le visage politique du nationalisme. Il mène un parti politique émergent dont le but est de gagner les votes des électeurs qui ont le sentiment que l'identité ethnique du Danemark a été émoussée par le fait de laisser entrer des immigrants dans le pays. Hélas, le climat politique dans lequel Salim puise n'est que trop familier pour le public, partout en Europe mais aussi dans le monde, car la rhétorique qu'emploie Nordhal est en effet de celles qui gagnent les élections.

Les opposants islamistes de Nordhal s'appuient aussi sur cette rhétorique pour radicaliser les jeunes dans ce combat contre les "fils du Danemark".  C'est ainsi qu'un jeune musulman de 19 ans nommé Zakaria (Mohammed Ismail Mohammed), frustré et en colère, se laisse endoctriner et participe à une tentative d'assassinat sur Nordhal. Salim comment même les arguments les plus simplistes, sur nous et sur eux, ainsi que les guerres mondiales contre les musulmans ajouté à la formation d'un sentiment communautaire peut emporter les jeunes gens et les amener à se jeter dans les bras du radicalisme. Si tout cela semble une formule, c'est parce que Salim veut que ce le soit. Il a en effet un atout dans son jeu , qu'il dévoile quand il déplace habilement l'attention des groupes radicaux à un officier de police, Malik (Zaki Youssef), qui se spécialise dans l'infiltration dans les groupes intégristes. 

À mesure que le film devient de plus en plus une étude de caractère sur ce personnage, on est de plus en plus captivé : tandis qu'il essaie de faire son devoir, notre flic est pris en étau par son identité double. Malik est la distraction parfaite du récit de thriller à formule : c'est un "taxi driver" qui vit dans le monde des Infiltrés. Le film a une dimension épique, mais il tombe trop souvent dans le sensationnalisme pour faire passer ses idées. Dans le dénouement, la tentative de rattacher les démons personnels de Malik à un récit de thriller mène à une conclusion qui montre à quel point il est difficile de s'affranchir des structures sociales, et qu'on vit dans un monde où le cercle vicieux se nourrit lui-même. Cependant, cette lecture ne suffit pas à masquer le sentiment que les scènes finales sont un peu exagérées, qu'elles recourent de manière excessive aux éléments de genre et aux aspects choquants, alors que c'est l'étude de caractère qui est la plus intéressante ici. Malgré cela, le film reste une oeuvre ambitieuse qui annonce un talent de la réalisation à suivre. 

Sons of Denmark a été produit par la société danoise Hyæne Film. Ses ventes internationales sont assurées par New Europe Film Sales.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy