email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

SOFIA 2019

Critique : A Picture with Yuki

par 

- Le premier long-métrage de Lachezar Avramov, en compétition au Festival de Sofia, parle de racisme, de responsabilité et de culpabilité

Critique : A Picture with Yuki
Kiki Sugino dans A Picture with Yuki

Le premier long-métrage du Bulgare Lachezar Avramov, A Picture with Yuki [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Lachezar Avramov
fiche film
]
, projeté en compétition principale au Festival international de Sofia (7-17 mars), est non seulement la première coproduction entre la Bulgarie et le Japon : c'est aussi une invitation pour le public à se placer au centre d'un dilemme moral. Tout en discutant des sujets de la culpabilité, de la responsabilité et du pardon, le film a aussi l'intérêt de parler du racisme et de ce qui nous rend vraiment humains.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Le scénario, composé par Avramov et Dimitar Stoyanovich, a pour personnage central Georgi (Ruscen Vidinliev), un Bulgare qui vit au Canada avec sa femme japonaise Yuki (Kiki Sugino). À présent, ils sont tous les deux à Sofia et Yuki essaie de tomber enceinte grâce à une fécondation in vitro. Quand le médecin lui recommande de se reposer, le couple va passer quelques jours à la campagne, mais leur bonheur bucolique, en pleine nature, va bientôt voler en éclats, quand Yuki percute avec son véhicule Assencho, un jeune gitan local. Quand le garçon remonte sur son vélo et rentre chez lui, Georgi et Yuki sont extrêmement soulagés, mais le lendemain, ils entendent que le garçon est mort, apparemment sous les coups de son père. La nouvelle va projeter nos personnages dans un univers cauchemardesque fait de doutes torturés et de culpabilité.

L'objectif principal du film est d'inviter le public à l'intérieur du dilemme des personnages : sont-ils coupables de la mort du garçon ou pas ? Devraient-ils avouer, même si il n'y a pas de preuve que l'accident a causé sa mort ? Si c'était le cas, comment pourraient-ils laisser le père alcoolique de l'enfant endosser la culpabilité, à un moment où eux-mêmes font tant d'efforts pour devenir parents ? Mais en tant que citoyens dociles, méritants, éduqués, n'ont-ils pas davantage droit à une vie "normale" qu'un gitan qui bat ses enfants à chaque fois qu'il boit ? Bien que les scénaristes se laissent distraire par certains détours qui n'ajoutent rien à l'histoire, elle se déploie souplement dans les eaux troubles de la culpabilité et de la responsabilité, amenant les héros à une conclusion qui devrait satisfaire beaucoup de spectateurs.

Oui, A Picture with Yuki est parfois maladroit, et ses tentatives d'offrir des moments comiques pour alléger la tension font l'effet de tentatives naïves de convaincre un public plus vaste d'aller voir cette histoire évidemment difficile. Il n'en reste pas moins que le film doit être bien accueilli, car il porte un problème social important dans les Balkans à l'attention du public : le racisme envers la communauté rom. On ne peut que se féliciter que les deux films bulgares en compétition cette année à Sofia (l'autre étant The Pig [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Dragomir Sholev
fiche film
]
de Dragomir Sholev) aient une conscience sociale qui force l'attention à se porter sur des sujets comme les mauvais traitements à l'école et le racisme, sujets qui sont globalement très négligés dans la région, ou balayés par des commentaires superficiels prononcés sans conviction comme : "Il faut bien que jeunesse se passe" ou "Les gitans refusent de s'intégrer".

La manière dont les héros se comportent est la preuve que les bonnes intentions, l'honnêteté et le pardon ne tiennent en rien à l'ADN ou la couleur de la peau, mais au caractère que les individus se sont forgé dans les difficultés. Certes, le scénario juxtapose ces concepts dans des conditions de laboratoire, et sans doute qu'il insiste trop soigneusement sur le fait que le lien entre les valeurs morales et le statut social est en réalité très vague, mais que le sujet soit enfin sur le tapis est une bonne chose. "Il arrive des bonnes choses aux bonnes personnes", dit Georgi au début, et l'histoire va continuer tout au long du film d'empiler des strates de sens sur cette affirmation discutable, happant le public dans le débat.

A Picture with Yuki a été produit par Chouchkov Brothers (Bulgarie) en coproduction avec WA Entertainment (Japon). En Bulgarie, il arrivera sur les écrans le 5 avril avec Purple Rain. 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy