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TRIBECA 2019

Critique : Roads

par 

- Le deuxième film de Sebastian Schipper après Victoria est un road movie d'apprentissage abordé sous l'angle de la crise des réfugiés

Critique : Roads
Fionn Whitehead dans Roads

Le réalisateur allemand Sebastian Schipper s'est fait connaître du monde entier avec l'impressionnant thriller Victoria [+lire aussi :
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, tourné en un seul plan-séquence, lauréat d'un Ours d'argent à Berlin en 2015. Par contraste, son deuxième film, Roads [+lire aussi :
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, qui suscitait de fait beaucoup d'impatience et qui a fait son avant-première mondiale dans le cadre de la compétition internationale longs-métrages de fiction de Tribeca, est un road movie d'apprentissage standard, abordé sous l'angle de la crise des réfugiés.

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Le jeune Britannique Gyllen (Fionn Whitehead de Dunkerque [+lire aussi :
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) vole la caravane de son beau-père après une dispute avec sa famille survenue le jour de son dix-huitième anniversaire alors qu'ils sont en vacances au Maroc, et s'allie avec un jeune réfugié congolais, William (Stéphane Bak, de La Miséricorde de la jungle [+lire aussi :
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et L'Adieu à la nuit [+lire aussi :
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). Les deux garçons veulent gagner la France, Gyllen pour rendre visite à son père Paul (Ben Chaplin), qui vit là avec sa nouvelle petite amie, William pour retrouver son frère, qui s'est enfui du Congo pour rallier Calais. Comme William n'a pas de papiers, et Gyllen pas son permis de conduire, l'entrée en Espagne promet d'être difficile. C'est là qu'un hippie allemand (Moritz Bleibtreu) croise leur route : son expérience et son attitude leur permet de passer la frontière, et d'atterrir dans un nouveau pétrin. Le personnage joué par Bleibtreu essaie de voler la caravane, mais en unissant leurs forces, les deux jeunes débrouillards parviennent à la récupérer, en plus d'un bloc de hashish caché par l'Allemand dans les toilettes du véhicule, qui va s'avérer très utile pour la scène obligée de la fête sur une plage espagnole.

Au moment d'entrer en France, William demande à Gyllen de laisser monter un maximum de réfugiés africains avec eux. Tout se passe sans incident, au cours d'une scène nocturne tranquille. Quand les jeunes arrivent enfin chez Paul, ce dernier est soucieux devant l'état de la caravane et la témérité des garçons et de nouveau, Gyllen a une grosse dispute familiale et part soudainement.

Là, Schipper et son co-scénariste Oliver Ziegenbalg ajoutent un autre élément pour resserrer le lien de Gyllen et William, quand le second révèle au premier qu'il a perdu son frère dans un accident de voiture. Et les voilà qui se remettent en route direction Calais sur une moto qu'ils ont chipée chez Paul.

Dans Roads, les héros font le parcours classique de l'état de duo mal assorti à celui d'amis qui s'enrichissent l'un l'autre. Le Britannique pourri gâté apprend comme le monde est dur pour ceux qui n'ont pas ses privilèges, et le jeune Congolais découvre que les gens privilégiés sont également humains, et que l'Europe n'est peut-être pas le meilleur endroit pour son frère et lui. Ce point de vue eurocentré ajouté au mièvre dénouement, digne d'un titre hollywoodien réalisé sans effort, met en avant les lacunes des auteurs quant au grand sujet qu'ils ont choisi d'ajouter à leur intrigue.

Le talent et l'énergie de Whitehead et Bak font que le film reste plaisant à voir, de même que la panoplie de lieux qu'on visite ici, mais sur le plan cinématographique, le film est aussi inventif que son titre. Les parties les plus dynamiques du film sont parsemées d'images poétiques de la route ou de la nature avec comme musique de fond des titres ultra banals par le groupe allemand The Notwist, qui consiste en une superposition de piano et de guitare électrique atmosphérique.

En suivant la procédure standard et en cochant bien les cases de cette histoire très conventionnelle dans sa construction, Schipper loupe complètement le coche. Ce film sur deux jeunes qui défient l'autorité et prennent des risques dans un monde qui change rapidement aurait pu, lui aussi, se permettre de prendre quelques risques.

Roads est une coproduction des sociétés allemandes Missing Link Films, Komplizen Film, ARD Degeto Film GMBH et Radical Media avec la française Kazak Productions, et avec la participation de StudioCanal, WDR Westdeutscher Rundfunk et ARTE France. Les ventes internationales du film sont assurées par l'agence britannique HanWay Films

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(Traduit de l'anglais)

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