email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

TRIBECA 2019

Critique : Devil's Pie: D'Angelo

par 

- Dans son nouveau film, Carine Bijlsma trace le portrait d'un musicien remarquable, duquel elle est parvenue à se rapprocher étroitement

Critique : Devil's Pie: D'Angelo

Dans Devil's Pie: D'Angelo [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, Carine Bijlsma fait le jour sur la carrière remarquable du talentueux musicien D’Angelo, et dépeint les combats intérieurs qui ont marqué sa vie professionnelle. Elle met le doigt sur la prémisse fondamentale qui a guidé son existence et nous permet de comprendre pourquoi il a bifurqué en pleine ascension pour interrompre son parcours pendant quatorze ans. Sa musique, qui comprend des titres comme "Voodoo", “Devil’s Pie” et “Unshaken”, accompagne une sorte de quête spirituelle : comment gère-t-on un fardeau trop profondément enfouir pour pouvoir être appréhendé ? Devil’s Pie: D’Angelo, qui déborde d'énergie et dont la bande sonore est sublime, a fait son avant-première mondiale au Festival de Tribeca (24 avril-5 May), dans la section Spotlight Documentary. 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Dans les années 1990, D’Angelo était une nouvelle étoile. Après avoir remporté plusieurs prix pour son premier album, Brown Sugar,il prenait clairement la direction du sommet. Bijlsma prend la décision judicieuse de ne pas encore placer son sujet au centre de la scène, et limite sa présence à des images d'archives, des citations subtiles et, surtout, des propos tenus sur l'artiste par d'autres musiciens. On est forcément amené à se demander ce qui lui est arrivé, et un effet de tension se crée. Il est comparé à Hendrix, Coultrain et Gaye, et Questlove, un des membres de son groupe, assure que beaucoup de musiciens noirs partagent le même destin. Faut-il placer celui dont on parle à ce carrefour, à côté du légendaire chanteur de blues Robert Johnson, qui aurait formé un pacte avec le diable en échange de son talent ? La forme du personnage commence à se dessiner. Et enfin, D’Angelo fait son entrée. 

Bijlsma a une filmographie impressionnante en matière de documentaires musicaux, et elle trouve toujours une manière d'établir un lien avec les artistes eux-mêmes. Les résultat est un portrait intime sur un musicien exceptionnel. Bien que les images des concerts de D’Angelo soient déjà un plaisir à voir en soi, le film offre davantage en nous présentant un aperçu fascinant du processus qui se cache derrière les aspects glamour, et ce de l'intérieur. Dans ce sens, le film est un portrait cru, où des images filmées backstage et des fragiles moments d'intimité entre les membres du groupe dévoilent le côté plus candide et authentique des choses. Le contraste est fort entre ces moments et les enregistrements des concerts, filmés à plusieurs caméras fixes, ce qui confère à la présence du musicien sur scène une puissante stabilité. Il s'avère que c'est précisément cette dualité qui est au coeur des problèmes de D’Angelo. Il se souvient d'un spectacle au North Sea Jazz Festival, où il a joué devant 30 000 personnes qui faisaient exactement ce qu'il leur demandait de faire. "J'ai entendu, comme si on murmurait dans mon oreille : 'Regarde ce que tu possèdes'", raconte-t-il, ajoutant que ce genre d'emprise sur les autres a forcément des conséquences perverses. Cet homme sur scène n'est pas l'homme qu'il connaît. Bijlsma établit un parallèles entre cela et les chants enfiévrés dans les églises de sa jeunesse, à l'origine de sa musique. Et de nouveau, on retrouve cette dualité : sa musique vient du lieu auquel il s'oppose maintenant. On voit le désert et des montagnes au crépuscule tandis que des voix hurlent de l'autre côté. "Je n'arrive pas à vaincre ma peur", dit D’Angelo. On comprend qu'il s'est retrouvé à un carrefour lui aussi, et s'est vu proposer un pacte. Comme il le reconnaît dans un moment de vulnérabilité, les enjeux étaient immenses, car son âme aussi s'est trouvée en jeu.

Devil's Pie: D'Angelo a été produit par Interakt Productions (Pays-Bas) en coproduction avec Pulse Films (Royaume-Uni), Significant Productions (États-Unis), la société de Forest Whitaker, et la chaîne néerlandaise NTR.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy