email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2019 Compétition

Critique : Mektoub My Love : Intermezzo

par 

- CANNES 2019 : Le second volet de la trilogie d’Abdellatif Kechiche se révèle un film fascinant, impressionnant, mais très extrême, autour d’une nuit enflammée en discothèque

Critique : Mektoub My Love : Intermezzo
Salim Kechiouche, Shaïn Boumedine et Lou Luttiau dans Mektoub My Love : Intermezzo

Adepte de l’étude des sciences humaines en action au plus près des corps en mouvement et dans l’entrelacs des désirs, des choix et de la balance vacillante entre raison et ignorance, le cinéaste français Abdellatif Kechiche semble avoir pris, en pleine "conscience de son inconscience", comme devise cinématographique : "la folie, c’est la vérité". Cette philosophie digne du Diogène vivant dans son tonneau aperçu sur la couverture d’un livre lu sur la plage par l’une des protagonistes, Mektoub My Love : Intermezzo, présenté en compétition au Festival de Cannes (où le cinéaste faisait son retour après la Palme d’Or 2013 de La Vie d’Adèle [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Abdellatif Kechiche
fiche film
]
) en est une démonstration plus qu’intense et extrême, Kechiche ayant poussé sa quête de la captation de la vie à un degré encore jamais vu dans sa filmographie pourtant riche en moments très intimes. Et à l’attention de ceux qui avaient trouvé Mektoub My Love : Canto Uno [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
, le premier volet de sa trilogie, trop polarisé sur les postérieurs féminins, le réalisateur annonce d’emblée la couleur avec en séquence d’ouverture, une séance photo dénudée très explicite ("regarde moi", "fais la belle").

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Nous retrouvons donc sur une plage de Sète, en septembre 1994, le petit groupe de jeunes amis (voire de parents proches) découverts dans le premier épisode : les dragueurs Tony (Salim Kechiouche) et Aimé (Roméo De Lacour), et les filles Ophélie (la callipyge Ophélie Bau) et Mel (Meleinda Elasfour), ainsi que Céline (Lou Luttiau) qui s’est intégrée à la bande. S’y ajoute Dany (Dany Martial), l’ex du bel Amin (Shaïn Boumedine) qui n’est pas là, mais que tous vantent à l’intention de Marie (Marie Bernard), un mignonne parisienne de 18 ans, en vacances avec ses parents. L’ambiance est à la détente estivale et à la conversation débridée, "fruitée et sucrée", mais en aparté Ophélie et Tony échangent sur une question beaucoup plus lourde : Ophélie est enceinte de son amant Tony et a décidé d’avorter car elle doit se marier un mois plus tard avec Clément, un commando marine en mission en Irak. Et la jeune femme va avoir l’occasion de "noyer son chagrin dans l’ivresse" puisque tous se retrouvent le soir même en discothèque pour une nuit très chaude de danses hyper érotisées (genre mapouka, daggering et autres) et de désirs entrecroisés et enflammés (en un enchaînement de séquences d’une durée hallucinante de 2h40 environ sur les 3h28 du film) à laquelle se joignent Camélia (Hafsia Herzi), Kamel (Kamel Saadi), Charlotte (Alexia Chardard) et évidemment Amin le détaché (et timide) qui est au cœur de multiples attirances…

La fête et le fun à plein régime restitués sans filtre et dans une durée débordante par le cinéaste, jusqu’aux climax d’une scène particulièrement crue (mais où la femme est la dominante), sont tissés de micro-événements, de regards et d’échanges brefs au comptoir dans un déluge sonore incessant, une consommation d’alcool exponentielle et un relâchement des moeurs qui "ne fait pas les choses à moitié". Dans cet aquarium en ébullition, Abdellatif Kechiche détaille tous les "bons et les mauvais côtés" d’un instant fulgurant et hautement énergique de vie avec une fabuleuse virtuosité de mise en scène, mais son parti-pris temporel radical oscillant de l’hypnose à la surdose et le déferlement à dessein répétitif de danses sexualisées qu’il orchestre, réclameront du spectateur, pour vraiment apprécier à sa juste valeur l’ensemble du film, une grande tolérance et une solide ouverture d’esprit. 

Produit par Quat’sous Films, Mektoub My Love : Intermezzo a été coproduit par Pathé qui pilote les ventes internationales.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy