02/08/2019 - Martín Rosete fait reposer toute la charge émotionnelle (et humoristique) de son deuxième long, une comédie dramatique assombrie par le spectre d'Alzheimer, sur le grand acteur américain Bruce Dern

Martín Rosete est un de ces jeunes cinéastes qui s’est installé à Los Angeles après un parcours remarqué comme auteur de courts-métrages en Espagne, et se bat pour monter des projets ancrés des deux côtés de l’Atlantique. C’est ce qu’il avait tenté avec son premier long-métrage, Money, un thriller interprété par des acteurs américains, et le voilà qui réitère avec son deuxième long-métrage, Remember Me [+lire aussi :
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interview : Martín Rosete
fiche film]. Il s’agit d’un film qui a été tourné entre l’Europe et les États-Unis avec une troupe internationale menée par Bruce Dern, un acteur qui n’a pas encore obtenu l’Oscar qu’il mériterait, mais qu’il est impossible d’oublier après ses performances dans des oeuvres mémorables comme Complot de famille du maestro Hitchcock, Le Retour de Hal Ashby, Nebraska d'Alexander Payne et trois longs-métrages de Quentin Tarantino : Les Huit Salopards, Django Unchained et Once Upon a Time... in Hollywood.

Dern, qui a à présent 83 ans, est l'âme, le corps et le grand catalyseur d’empathie de Remember Me, ce que Rosete avait senti dès le moment où la star originaire de Chicago a accepté d'interpréter le rôle principal de cette comédie dramatique qui repose franchement sur ses épaules solides d’acteur aguerri. Dans le film, un Bruce increvable incarne un critique de théâtre très courtisé qui est en colère contre le monde (et pas pour rien : on lui demande en effet de faire baisser le niveau de qualité de ses articles pour les journaux) qui s'introduit dans une résidence médicale pour essayer de regagner un amour de jeunesse perdu qui souffre à présent de la maladie d’Alzheimer et fait partie des pensionnaires de l'établissement.

Le meilleur de ce titre, qui parfois longe dangereusement le précipice de la mollesse, sont les scènes où le grand Dern joue face à un autre acteur énorme, le Britannique Brian Cox (Mindscape [+lire aussi :
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interview : Jorge Dorado
fiche film]) : ensemble, ils forment un duo insolite de types qui s’adorent et se critiquent, se supportent et manifestement ont besoin l’un de l’autre. Là, pour que le ton sarcastique fasse mouche, le réalisateur a laissé la caméra tranquille, dans l’attente, réceptive, faisant confiance à l'effrontement tranquille des deux interprètes et les laissant s'éclater dans cette camaraderie inusable.

Remember Me se présente comme un film en blanc, en terme de personnages comme de sentiments, avec l’illusion du premier amour et la récupération des souvenirs comme moteurs : l’enfant que nous portons en nous continue à s'agiter comme un beau diable à des âges avancés, comme le prouve Claude (Dern), le personnage central, inventé par le scénariste Rafa Russo (La decisión de Julia [+lire aussi :
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fiche film]), un idéaliste comme il y en a de moins en moins, qui conserve intacte la passion qu’il a toujours eue de faire les choses bien et celle de l’amour véritable mais qui, jusqu’au sein de sa propre famille, se retrouve face à cette corruption personnelle et politique qui inonde le présent.

Remember Me est une production majoritaire espagnole de Tornado Films AIE, LaZona et Kamel Films, en coproduction avec la société américaine Create Entertainment et la française F Comme Film, avec la participation de TVE et un financement de l'ICAA ainsi que du gouvernement de Navarre. Le film va sortir en Espagne le 2 août avec Filmax. Ses ventes internationales sont assurées par l'agence française Bac Films.

(Traduit de l'espagnol)