email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

LOCARNO 2019 Compétition

Critique : Terminal Sud

par 

- Rabah Ameur-Zaimeche est en compétition à Locarno avec un conte kafkaïen cryptique sur un pays déliquescent

Critique : Terminal Sud

Terminal Sud [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
est le sixième long-métrage du réalisateur français-algérien Rabah Ameur-Zaimeche et le deuxième à faire sa première mondiale en compétition au Festival de Locarno. Il sortira en France en novembre, distribué par Potemkine Films. Il s'agit d'une allégorie méditerranéenne sur une société brisée dont l’objectif est d’exposer plusieurs arguments qui s’appliquent de manière universelle sur la guerre civile d’Algérie et la décennie noire qu’ont été les années 1990.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

À un point de contrôle militaire, les passagers d’un bus sont arrêtés en pleine route et on leur vole tous leurs biens. En vingt ans de métier, le chauffeur du bus (Salim Ameur-Zaimeche) n’a jamais rien vécu de pareil. En racontant l’histoire à la police, il se fait le raisonnement selon lequel les voleurs étaient des criminels déguisés en militaires. Mais les circonstances ne sont pas normales ici. Terminal Sud parle de l’écroulement d’une société civile et de la fragilité de l’État de droit.

Une patiente (Nadja Harek) raconte à un docteur (Ramzy Bedia) que son mari est parti à la mosquée mais qu’il n’est pas revenu à la maison, et qu’on lui a dit de se garder de déclarer sa disparition à la police. Parcourant le mur, la caméra s'arrête sur une affiche pour le Musée du Communisme de Prague, où l’on voit une poupée russe en colère. La raison pour laquelle ceci se trouve sur le mur du médecin n’est pas claire : est-ce une référence à Franz Kafka et ses pensées sur le droit ou est-ce que c'est une référence à l’interdiction par les Français du Parti Communiste algérien dans les années 1950 ?

Ce film marque la première fois qu'Ameur-Zaimeche ne joue pas dans un de ses propres films. Bedia, dans le rôle du médecin d’hôpital qui reçoit des menaces de mort, est le personnage central, et il joue ce professionnel de la médecine comme une figure qui subit, comme quelqu’un qui est entraîné par les événements plutôt que quelqu’un qui les instigue lui-même. Le docteur semble début un idéaliste ; il essaie de rester neutre et de traiter équitablement tous les patients qu’on lui amène à l’hôpital, quel que soit leur milieu ou leur affiliation. Cependant, tout change quand son beau-frère journaliste est tué. Le film devient ensuite plus mystérieux (d'aucuns diront indéchiffrable), à partir du moment où un groupe de femmes en deuil chantent une comptine suédoise, après quoi l'ami du docteur, Moh (Slimane Dazi) chante "Je crois entendre encore", un air de l'opéra de Bizet Les pêcheurs de perles.

Le problème, quand on utilise des métaphores aussi éclectiques, c’est qu’on a l’impression qu'il faudrait avoir le réalisateur à ses côtés pour vraiment déchiffrer le film. Ce dernier est présenté officiellement comme le point de rencontre entre une chronique de guerre et un thriller politique : tout ceci est très bien, sauf qu'on se rend compte que ce "point de rencontre" est plus un rond-point qu'un croisement et que le médecin, qui a des problèmes dans son mariage, est un véhicule qui se meut très lentement. On lit dans le film un désir de ne le situer en aucun lieu à aucune période. Dans ce cauchemar kafkaïen, le docteur est kidnappé quand on a besoin de lui pour traiter un soldat et la violence est omniprésente, mais hélas, les réponses sont plus difficiles à trouver.

South Terminal a été produit par la société française Sarrazink Productions et ARTE France.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy