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ROME 2019

Critique : Willow

par 

- Le cinéaste macédonien Milcho Manchevski revient avec un autre triptyque qui s'étale sur plusieurs siècles et parle de mères qui essaient de concevoir

Critique : Willow

Depuis son premier long-métrage, Before the Rain (1994), qui a propulsé directement sur la scène internationale, le cinéaste macédonien Milcho Manchevski a beaucoup cédé à son penchant pour les sujets épiques, fondés sur des recherches méticuleuses, qui s'étirent sur des décennies voire des siècles, et parlent de gens ordinaires dans des circonstances troublantes. Son nouveau film, Willow [+lire aussi :
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, qui vient de faire sa première mondiale en compétition à la Fête du cinéma de Rome, parle de mères et comme son film Mothers [+lire aussi :
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(2010), il utilise une structure en triptyque pour raconter l’histoire de femmes qui se battent contre les circonstances et la tradition dans leur désir d’avoir un enfant.

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La première histoire, la plus courte, se passe au Moyen-Âge (quoi qu’en voyant comment vivent les personnages de Honeyland [+lire aussi :
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, on se prend à essayer de comprendre si l’histoire se passe en fait aujourd’hui), et suit un jeune couple qui s’évertue à essayer tous les rituels possibles pour concevoir un enfant, en les mêlant avec des prières chrétiennes. Finalement, ils décident d’avoir recours aux services de la diseuse de bonne aventure locale (c'est-à-dire une sorcière, compte tenu de l’époque) pour les aider. La vieille harpie accepte, mais à une condition : qu’ils lui donne leur aîné, sachant qu'ils auront beaucoup d’autres bébés, assure-t-elle.

Dans le deuxième segment, le plus long, on se trouve à Skopje aujourd'hui : les personnages sont un chauffeur de taxi et une caissière de supermarché qui se rencontrent dans des circonstances amusantes dans le genre tarabiscoté, et tentent tout ce que permet la médecine moderne pour avoir un enfant, mais rien ne marche jusqu’à ce que la fille tombe enceinte de jumeaux. Le problème est que l’échographie montre qu’un des enfants sera mentalement et physiquement handicapé. Le mari s’exprime avec véhémence et passion contre l’avortement, alors que la femme essaie de la convaincre que la vie de l’autre enfant sera gâchée si elle les a tous les deux.

Dans la dernière histoire, la sœur de l’héroïne du segment précédent et son mari adoptent un garçon qui est étrangement tranquille et réservé, peut-être même autiste. Il l'inonde d’amour, de compréhension et de cadeaux, mais à un moment, il semble disparaître soudainement...

Manchevski enchevêtre avec brio les fils narratifs des trois histoires à travers la répétition de motifs et des petits indices que le spectateur peut interpréter lui-même. Un saule joue un grand rôle dans le rituel de la première histoire et réapparaît à des moments cruciaux des deux autres contes. Le premier nom du fils dans le premier segment est Kuzman ; le chauffeur de taxi du second s'appelle Kuzmanovski. Les actions des personnages et leurs destins semblent également intimement connectés (qu'on lise leurs parcours avec des clés d’interprétation chrétiennes ou juste comme le fait du karma), mais ces relations sont loin d’être précisément définies. Manchevski ne dit pas "voici pourquoi cela s’est produit", mais plutôt "peut-être que cela avait quelque chose à voir avec cela".

Visuellement, c’est un film luxuriant ou les rues luisantes de pluie de Skopje et ses monuments néoclassiques assez kitch ont parfois parfois l’air aussi impressionnants que les superbes plans paysages du premier chapitre. D’autres fois, les trottoirs craquelés et les bâtiments en ruine renvoient à la pauvreté en forme de dénuement total du jeune couple du Moyen Âge.

Tous les acteurs sont assez convaincants, mais ceux qui se démarquent vraiment sont la débutante Sara Klimoska dans le premier segment et, dans le deuxième, Natalia Teodosieva (Secret Ingredient [+lire aussi :
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) et Nenad Nacev (To the Hilt). Le vétéran du cinéma macédonien Kamka Tocinovski (Punk's Not Dead) éclipse tout dans le troisième segment.

Willow est une coproduction qui a réuni les efforts de Banana Film et Baba Film à Skopje, Scala Productions (Royaume-Uni), Pioneer Pictures (Hongrie), du Tirana Film Institute (Albanie) et des sociétés belges Saga Film ainsi que BNP Paribas Fortis Film Finance.

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(Traduit de l'anglais)

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