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DOCLISBOA 2019

Critique : A Pleasure, Comrades!

par 

- Le deuxième long-métrage documentaire de José Filipe Costa est un film facétieux et sagace qui retrace la vie dans les coopératives rurales après la Révolution des Oeillets

Critique : A Pleasure, Comrades!

Le deuxième long-métrage du réalisateur portugais José Filipe Costa, A Pleasure, Comrades! [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, présenté en première mondiale hors-compétition à Locarno, vient de faire son avant-première nationale dans le cadre de la compétition portugaise de Doclisboa. Le film retrace la vie dans les coopératives rurales établies dans tout le pays après la Révolution des œillets de 1974, à travers des reconstitutions impliquant des gens ayant vraiment fait partie de ces communes à l'époque.

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La coopérative qu’on observe en particulier se situe à Aveiras de Cima, non loin de Lisbonne au nord. Le film s’ouvre sur l’image d’un grand groupe de personnes d'âge moyen et plus avancé qui reviennent, en van Volkswagen et en train, de différents pays, et sont présentés tels qu'ils étaient à l'époque : João (26 ans) revient au Portugal suite à la fin de la dictature après avoir étudié l'art dramatique en Belgique et à Rome, Eduarda (27 ans) revient d'Allemagne, et Mick (18 ans) vient de Londres car il veut voir une révolution... C’est un joyeux mélange de jeunes gens idéalistes qui croient dans les valeurs humanistes et veulent contribuer aux grands chantiers de la jeune démocratie : alphabétisation, éducation populaire et éducation à la santé.

Une fois à Aveiras de Cima, ces personnages énergiques se mettent à rénover la vieille maison et la ferme. Ainsi, nos héros ne font pas que reconstituer : ils font un vrai travail physique. La plupart de ces segments les montrent en train de discuter entre eux, et ils sont parsemés de passages où les personnages récitent ou lisent à voix haute des extraits de livres pédagogiques.

Costa intègre aussi à son film plusieurs séquences imaginées, oniriques, joliment interprétées, liées à l’amour et au sexe. À vrai dire, beaucoup de ces interactions ont un charme prude, d’un ancien temps, tout spécialement dans les scènes où trois des femmes font la lessive et parlent de leur première rencontres romantiques... ainsi que de leurs derniers échanges sexuels, ce qui, sans qu'on s'en étonne vraiment, les fait encore rougir.

Des vidéos d’éducation sexuelle danoises sont projetées en 16 mm, une danse de groupe traditionnelle (superbement interprétée) est expliquée comme une méthode comme une autre pour trouver la femme de ses rêves, mais il y a aussi un courant de féminisme qui parcourt certains segments du film. Une des femmes étrangères demande à trois hommes de jeter un dé pour décider qui va laver la vaisselle. "C'est du jamais vu", dit une Portugaise à une Britannique, "les hommes ne font pas le travail des femmes. C’est comme ça".

La séquence où quatre hommes jouent des agitateurs de Marcello Caetano, le dictateur successeur de Salazar que la révolution a renversé, n'est sans doute pas la mieux exécutée, mais les personnages sont si attachants et le décor si beau, avec les vieux meubles et la lumière chaude dans la maison et le soleil dans les champs, que le spectateur ne peut s’empêcher de sourire tout au long du film. A Pleasure, Comrades! est facétieux et inventif, mais loin d’être superficiel : il assemble beaucoup de pensées très intéressantes sur l’esprit de la période post-révolutionnaire et la nature profonde du peuple portugais.

A Pleasure, Comrades! a été produit par la société lisboète Uma Pedra no Sapato.

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(Traduit de l'anglais)

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