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IFFR 2020 Compétition Tiger

Critique : Kala azar

par 

- Dans son 1er long-métrage, Janis Rafa prouve qu'on n'a pas besoin de Mad Max pour faire dans le post-apocalyptique

Critique : Kala azar
Penelope Tsilika dans Kala azar

Aller voir un film qui porte le nom d’une maladie parasitaire chronique et potentiellement mortelle n’est pas l’idée que tout le monde se fait d’un vendredi soir sympa, mais le premier long-métrage de Janis Rafa, Kala azar [+lire aussi :
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, sélectionné cette année pour la compétition Tiger du Festival de Rotterdam, parvient, on ne sait comment, à provoquer des réactions qui ne sont ni de la fièvre, ni une grave perte de poids ni même une insuffisance rénale. Le film aurait certes bénéficié d’un style visuel plus original, mais dans ses meilleurs moments, l’impression est que c’est le genre d'histoire que Cormac McCarthy aurait pu imaginer dans son temps libre. S’il avait décidé de tourner un peu plus son attention vers les animaux.

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C’est que le couple dont parle Kala azar a une activité plutôt atypique : ils conduisent tout le jour pour recueillir des animaux domestiques morts et les emmener à la crémation, répétant le même petit discours réconfortant à tous les propriétaires désolés tout en leur demandant de remplir les formulaires, merci beaucoup, en les assurant que "chaque animal de compagnie est brûlé individuellement". Ils ne font pas non plus de discrimination, et vont même chercher un poisson si c’est nécessaire. Non qu'on sache vraiment pourquoi, car leur vie et l’état de leur relation ne sont pas ouvertement discutés, pas plus qu'autre chose d’ailleurs. Cependant, cette retenue verbale, du moins après qu’on ait dépassé le choc initial, rend l'histoire beaucoup plus proche de ses héros à quatre pattes. De manière assez littéral, car le film s’ouvre sur des scènes qui pourraient très bien être vues à travers leurs yeux, à hauteur de genoux – comme l'ont fait récemment Elsa Kremser et Levin Peter dans Space Dogs [+lire aussi :
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, un film qu'on ne risque pas d’oublier tout de suite.

Ceci étant dit, Rafa ne cherche pas ici à choquer. Elle manie son matériel avec soin, tendresse même, tout comme le personnage de Penelope Tsilika dans le film, qui s’occupe gentiment de ces petits corps fragiles et sans vie, d'ailleurs le couple ramasse aussi les animaux morts anonymes sur lesquels ils tombent régulièrement pendant leurs tournées. C'est une actrice que l’auteure de ces lignes aimerait certainement voir davantage à l’avenir, tant qu’à faire. Tout cela fait de Kala azar une oeuvre beaucoup plus mélancolique que ce à quoi on aurait pu s'attendre, plein de gens solitaires qui n'ont que des animaux pour leur tenir compagnie, et qui ont du mal à les laisser partir même quand il est temps. L’histoire elle-même semble un peu brumeuse, mais Rafa est bonne pour créer des ambiances, montrant un univers globalement déserté, post-apocalyptique, qui semble s’écrouler de la manière la moins spectaculaire qui soit, tandis que des chiens aboient et des bocaux cliquettent constamment en fond sonore. On a vraiment l’impression que la mort est partout dans ce film. Et elle n’a même pas besoin de dire un mot à ce sujet.

Kala azar, scénarisé par Janis Rafa elle-même, est une coproduction entre les Pays-Bas et la Grèce qui a réuni les efforts de Digna Sinke, Konstantinos Kontovrakis et Giorgos Karnavas pour SNG Film (Studio Nieuwe Gronden) et Heretic - Creative Producers. Les ventes internationales du film sont gérées par Heretic Outreach. Aux Pays-Bas, il est distribué par Gusto Entertainment.

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(Traduit de l'anglais)

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