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BERLINALE 2020 Compétition

Critique : DAU. Natasha

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- BERLINALE 2020 : Ce long-métrage de Jekaterina Oertel et Ilya Khrzhanovskiy, qui a eu une gestation très longue dans le cadre du projet DAU, a fait surface en compétition à Berlin

Critique : DAU. Natasha
Natalia Berezhnaya, Luc Bigé et Olga Shkabarnya dans DAU. Natasha

Sélectionné en compétition à la 70e Berlinale, DAU. Natasha [+lire aussi :
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est le premier film tiré du projet hors-normes (et polémique pour certains) DAU à être projeté dans un festival du film. DAU a été présenté à l’IDFA de 2006 comme un film tiré de la vie du physicien atomique et prix Nobel Lev Landau, avant de se transformer en projet où les producteurs ont recréé un centre de recherche soviétique, où Landau travailla pendant trois décennies jusqu’en 1968.

Le film a été écrit et réalisé par Jekaterina Oertel et Ilya Khrzhanovskiy. Le premier film de Khrzhanovskiy, 4, a lancé sa carrière au festival de Venise en 2014, et parlait de quatre personnes qui se rencontrent dans un bar et raconte des mensonges sur leurs passés ; des histoires qui font ensuite irruption dans leur vie quotidienne. DAU. Natasha pousse à l’extrême cette idée de vies romancées qui deviennent réalité.

Le tournage a pris trois ans, avec 400 acteurs principaux et 10 000 figurants. "L'Institut", comme les réalisateurs ont appelé ce complexe de bâtiments, a vu ses habitants vivre comme des citoyens de l'époque soviétique aussi fidèlement que possible. Quand les acteurs et figurants sont arrivés, dans la chronologie de DAU, on était en 1938, et les réalisateurs ont poussé l'attention aux détails d'époque à l'extrême. Régulièrement, après quelques semaines à chaque fois, ils actualisaient les costumes, coiffures et paquets de nourriture de façon à ce que les participants vivent dans ce complexe en suivant une chronologie accélérée. Ainsi, en trois ans de tournage, DAU a parcouru 30 ans.

Ce qui est étrange, c’est que la plupart de ce qui s’est passé pendant ces trois ans n’a pas été tourné. Une seule caméra a été utilisée à la fois – contrôlée par le chef opérateur allemand Jürgen Jürges, qui a tourné 700 heures de rushes épaulé par une équipe de trois personnes de 2009 à 2011. Beaucoup de films ont été tirés de ces rushes, ainsi qu’une exposition en réalité virtuelle.

Sans surprise, vu que le film ne dispose pas de scénario, DAU. Natasha a une structure en épisodes. Il y a des séquences dramatiques prenantes, mais beaucoup de l’intrigue est hors-champ. Si l’on excepte une scène de sexe non simulée qui soulève des questions d’exploitation, à la fois pour les personnages eux-mêmes et les comédiens qui interprètent ces rôles.

Natasha (Natalia Berezhnaya) gère un café dans la cantine du bâtiment soviétique. Le film s’ouvre sur elle, entonnant un chant traditionnel alors que l’écran reste noir – et, comme quiconque a vu Ida [+lire aussi :
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peut en attester, cela ne plaît pas trop aux autorités communistes. Plus tard, elle va se demander pourquoi renier Dieu. Ceci dit, pour la majeure partie, Natasha a peur de vieillir, surtout que sa subordonnée, la fille du docteur, Olga (Olga Shkabarnya), est plus jeune et séduisante qu’elle. Natasha n’hésite pas à traiter sa collègue de prostituée ! Les stéréotypes de genre sont bien là, en force.

Les clients sont les scientifiques qui fréquentent cette cantine. Les scènes d’ouverture plantent parfaitement le décor, et les réalisateurs démontrent un talent hors pair pour le tournage de scènes avec de longs dialogues. En dehors des scènes de déjeuner, il y a un élément futuriste (mais peut-on le qualifier ainsi si l’intrigue se déroule dans le passé ?) dans le film, du fait des expériences menées par les scientifiques. Entretemps, Natasha fait la connaissance de l'un d'entre eux, un Français qui est de passage (Luc Bigé). Une relation qui va mener Natasha à visiter une chambre de torture, soulevant plus de questions que de réponses.

DAU. Natasha est une coproduction allemande, ukrainienne, britannique et russe entre Phenomen Berlin Filmproduktion, Phenomen Ukraine (Kiev), Phenomen UK (Londres) et Phenomen Films (Moscou). Le film est produit par Sergey Adonyev, et coproduit par Svetlana Dragayeva, Susanne Marian et Alexandra Timofeeva. Les ventes internationales sont assurées par Coproduction Office (France).

(Traduit de l'anglais par Florian Etcheverry)

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