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SÉRIES / CRITIQUES États-Unis / France

Critique série : The Eddy

par 

- Jazz, rêves parisiens et menaçantes réalités pour la série sophistiquée créée par Jack Thorne et réalisée notamment par Damien Chazelle, lancée le 8 mai dans le monde par Netflix

Critique série : The Eddy
André Holland et Joanna Kulig dans The Eddy

"La beauté ne perdure pas, les choses belles sont fragiles et elles tendent vers une mort quelque part". Nous sommes à Paris, de nos jours et une professeur dispense un cours sur Charles Baudelaire avant que ses lycéens n’enchaînent sur une session de mathématiques où la solution à un problème consiste à "regrouper les mêmes éléments". En écho à ses deux évocations, c’est bien entre une forme de poésie évanescente de l’instant et une exigeante mécanique de précision collective que naissent les improvisations du jazz au cœur de la série The Eddy que lancera Netflix le 8 mai dans le monde, avec à la baguette des deux premiers épisodes le réalisateur franco-américain Damien Chazelle dont le talent cinématographique et l’addiction à la musique ne sont plus à démontrer depuis Whiplash et La La Land.

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Créée par l’Anglais Jack Thorne, The Eddy se distingue très nettement d’emblée du commun des séries par sa séquence d’ouverture virtuose où la caméra vole de la chanteuse Maja (la Polonaise Joanna Kulig qui irradiait Cold War [+lire aussi :
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) au piano de l’Américain Randy Kerber, en passant par la batterie (la Croate Lada Obradovic), le saxo (le Haïtien-Canadien Jowee Omicil), la contrebasse (le Cubain Damian Nueva Cortes) et la trompette (le Français Ludovic Louis), avant de suivre en coulisses Elliot (André Holland), le stressé propriétaire du club, un célèbre musicien et compositeur américain exilé à Paris où il espère faire (avec son associé Farid, interprété par Tahar Rahim) de The Eddy une salle de spectacle en vogue portée par un groupe vedette qui accéderait à la notoriété. Mais rien n’est facile entre l’argent nécessaire, les secrets du passé, les liens sentimentaux et familiaux compliqués (la fille d’Elliot, l’adolescente Julie incarnée par Amandla Stenberg, débarque à Paris) et la musique qui irrigue le quotidien entre lâcher-prise et inlassables répétitions, inspiration et désillusion, solidarité et désunion, sentiments exacerbés et dangers du monde de la nuit…

Construits à l’image du jazz autour d’un fil d’intrigue tressé de très libres échappées chaloupées empruntant à plusieurs styles (du film musical au polar, du drame psychologique au naturalisme social dans les quartiers populaires d’une capitale française très métissée), les deux premiers épisodes (de plus d’une heure chacun) de The Eddy signés Damien Chazelle (les six autres sont mis en scène par la Française Houda Benyamina, la Marocaine Laïla Marrakchi et l’Américain Alan Poul) promettent beaucoup, injectant des ingrédients, un dynamisme et une tonalité douce-amère très peu formatés dans un univers des séries qui n’échappe pas toujours au piège du conformisme. Le charisme des interprètes (le remarquable et très fin André Holland en tête) donne le bon tempo à un potentiel narratif à tiroirs très habilement mis en place et qui ne perd jamais de vue (ni surtout d’oreille) son axe principal musical (des événements se déroulent pendant les concerts, les personnages pianotent ou chantonnent dans leurs appartements en discutant de tout autre chose, le Paris éloigné des clichés touristiques regorge de world music intégré par les jeunes générations, etc.). Instantané très fidèle de ce qu’est une vie d’artiste, de ses complicités puissantes à ses doutes existentiels et pécuniaires, The Eddy trouve le bon équilibre entre le respect de la gamme des codes des séries et des nuances cinématographiques très personnelles, entre l’artifice et le réalisme, entre son cadre français et un cast international. Une partition qui comblera tous les amateurs de dièses et de bémols et qui initiera les néophytes aux arcanes d’une vie sous le signe du jazz.

The Eddy a été produit par les Américains d’Endeavor Content et les Français d’Atlantique Productions.

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