28/08/2020 - Le troisième long-métrage de Ville Jankeri est un film accompli, plaisant à regarder, empreint de nostalgie, avec un message social critique des grandes entreprises

Forest Giant [+lire aussi :
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fiche film], le troisième long métrage du Finlandais Ville Jankeri (Gold Digger [+lire aussi :
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fiche film]), a fait sa première mondiale à Haugesund avant sa sortie nationale le 11 septembre. Ce drame au grand cœur, avec un angle justice sociale et un esprit plein d'humour, devrait bien fonctionner pour le public local et pourrait susciter un certain intérêt dans d'autres territoires nordiques.

Notre héros est Pasi (Jussi Vatanen, dévoué et convaincant dans ce rôle), responsable du développement dans une grande entreprise de fraisage d'Helsinki. Il espère être promu, tandis qu'il recherche un nouvel appartement avec sa femme enceinte Linda (Sara Soulié). Quand sa patronne, la glaciale Katariina (Anu Sinisalo), l'envoie dans sa ville natale, Törmälä, pour procéder à des licenciements à l'usine locale de contreplaqué, il s'exécute, même si retourner dans l'endroit qu'il est parvenu à quitter à la sueur de son front, qui plus est pour apporter le malheur à ses amis d'enfance et ses connaissances, est la dernière chose qu'il souhaite.

Lorsque nous rencontrons les ouvriers, le contremaître vient juste de leur annoncer qu'ils ont atteint un nouveau record de production, mais cela n'a aucune importance pour une corporation qui possède des milliers d'exploitations de ce type dans le pays. Cependant, Pasi trouve un moyen d'inverser la décision, une solution qui suppose la construction d'une ligne de chemin de fer et l'embauche de davantage d'ouvriers. Pour que cela fonctionne, certains problèmes politiques doivent être réglés, de sorte que Pasi engage son meilleur ami d'enfance, Janne (Hannes Suominen) pour se présenter aux élections locales. S'il gagne, il y a une chance pour que l'usine de Törmälä non seulement survive, mais attire aussi des investisseurs, et emploie encore plus de monde.

Cette prémisse plaisante, à laquelle de nombreux spectateurs pourront se rapporter, repose sur le contraste entre l'ambitieux Pasi et l'apathique Janne, la capitale et la province rurale. Comme Pasi le dit à sa femme, "Ils ne sont pas comme nous. Ils écoutent du heavy metal et mangent des bâtonnets de poisson". De fait, quand Pasi rend visite à son ami, la seule question que pose Janne tout en lui amenant le premier des nombreux verres d'alcool qu'ils boiront ce soir-là, c'est : "Maiden ou Metallica ?"

La vieille camaraderie est de retour, et Jankeri l'appuie avec des flashbacks des années 1980, notamment autour d'une blague pipi liée au surnom de Pasi – un ajout sympathique et un clin d'œil à l'humour nordique grand public, dans un film par ailleurs tout à fait décent et familial. L'inévitable voyage nostalgique dans le passé n'est cependant pas si doux, et l'alcoolisme notoire des Finlandais est traité comme un peu plus qu'un gag, ce qui permet d'en apprendre plus sur la personnalité du héros et sur les raisons pour lesquelles il aime et déteste cet endroit tout à la fois.

Forest Giant est une très belle production, où l'on note une belle attention portée aux détails du décor et des costumes, quelque part à la frontière entre réalisme et stylisation. La photographie d'Aarne Tapola est disciplinée mais variée (elle alterne entre caméra à l'épaule et caméra statique), tandis que l'éclairage quelque peu trouble des scènes de flashback contraste agréablement avec les images bien nettes du présent.

Le scénario, composé par Jankeri et Timo Turunem à partir d'un roman de Miika Nousiainen, a une structure assez traditionnelle, et le dénouement, heureux tout en restant relativement plausible, contient un message clair d'opposition aux grandes entreprises.

Forest Giant a été produit par Solar Films (Helsinki). En Finlande, le film est disttribué par Nordisk Film.

(Traduit de l'anglais par Alexandre Rousset)