email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENICE 2020 Competition

Critique : Amants

par 

- VENISE 2020: Nicole Garcia signe un excellent film noir autour d’un triangle fatal de passions amoureuses sur fond d’emprise des attraits de l’argent dans le monde moderne

Critique : Amants
Pierre Niney et Stacy Martin dans Amants (© Roger Arpajou)

"C’est ton corps qui passe par-dessus ta tête." Mettez le mot "cœur" à la place de "corps" et ces paroles fébriles d’encouragement à un personnage en pleine overdose vous donneront un aperçu assez précis du nœud de l’intrigue empreinte de passion tragique développée par la cinéaste française Nicole Garcia dans Amants [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Nicole Garcia
fiche film
]
, un film noir remarquablement maîtrisé et dévoilé en compétition à la 77ème Mostra de Venise. Car c’est bien du feu des sentiments, des conflits intérieurs et de la mise en danger sous la glace des mensonges, des mystères et des tentations du monde de l’argent et du luxe, dont il est ici question, dans l’enchevêtrement de trois trajectoires magistralement incarnées par Stacy Martin, Pierre Niney et Benoît Magimel.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Structuré en trois chapitres ("Paris," "L’Océan Indien," "Genève"), le redoutable récit tissé par Nicole Garcia et son coscénariste Jacques Fieschi prend ses racines dans le quotidien très contrasté d’un jeune couple. Lisa (Stacy Martin) et Simon (Pierre Niney) s’aiment, mais les activités de dealer des beaux quartiers du second inquiètent la jeune femme ("et si un jour, ça se passe mal ?"), élève dans une école hôtelière. Et effectivement, la fatalité qui rôde (avec un clin d’œil à L'Ultime Razzia de Stanley Kubrick) frappe et Simon disparaît, abandonnant Lisa. Détruite, celle-ci dérive jusqu’à accepter un job au vestiaire d’un night-club où surgit un jour, dans la pénombre, un homme qui l’a remarquée… Une ellipse de trois années plus tard, de passage au soleil de l’île Maurice, on retrouve Lisa, mariée à l’opaque Léo Redler (Benoît Magimel), un quadragénaire très riche et spécialiste en assurances. Mais Simon réapparaît, et avec lui une spirale d’émotions, de  questionnements, de duperies, de doutes, de choix et de périls (car Léo ne manque pas non plus de ressources cachées)…  

Se confrontant pour la première fois frontalement au genre du film noir (qu’elle avait parfois abordé par petites touches dans ses œuvres précédentes), Nicole Garcia réussit à y injecter son habilité à travailler sur l’intériorité des personnages (et à offrir de très beaux rôles à ses trois interprètes). Un tableau sombre sur la passion, le vide, la liberté et la quête de l’identité doublé d’un miroir sur le fossé des classes sociales et l’état du monde contemporain ("elle joue le jeu, mais l’argent ne suffit pas"), qui lui ouvre toute la palette du chaud et du froid, du suspense et des non-dits, de l’action et de l’attente, avec une très grande maîtrise formelle sertie dans la superbe photographie de Christophe Beaucarne et dans des décors hautement suggestifs. Elégant et intense, Amants, que l’on pourrait qualifier de classique moderne, décline avec art, à l’image de l’estampe La vague de Hokusai (que l’on aperçoit dans le film), le terrible équilibre entre une menace vertigineuse et des humains ballottés par la violence des flots. Une très belle harmonie entre le thriller et la veine d’auteur psychologique qui marque une œuvre de maturité et de plénitude pour la réalisatrice.

Produit par Les Films Pelléas et coproduit par France 3 Cinéma, Amants est vendu à l’international par FTD (France Télévisions Distribution).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy