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SAN SEBASTIAN 2020 Compétition

Critique : Supernova

par 

- Dans ce film de Harry Macqueen, l’amour et quelque amertume vont amener Stanley Tucci et Colin Firth, qui font route ensemble, vers une destination assez cahoteuse

Critique : Supernova
Stanley Tucci et Colin Firth dans Supernova

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, projeté en compétition au Festival de San Sebastian. Ce deuxième long-métrage du réalisateur britannique Harry Macqueen réunit Stanley Tucci et Colin Firth dans les rôles de deux partenaires gays vieillissants. Le film s’ouvre sur un plan apparemment anodin et simple sur l’écrivain Tusker interprété par Tucci en position fœtale dans le lit, chaleureusement étreint et enveloppé par le pianiste de concert Sam interprété par Firth. Ce n’est pas par hasard qu’ils sont positionnés ainsi : le pan suivant du film va montrer que cette pose est caractéristique de la dynamique de leur relation.

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Tandis que Sam est au volant de leur caravane, pour emmener Tusker sur les routes de Grande-Bretagne avec leur chien comme compagnon de route, on se rend compte que Sam dorlote énormément Tusker. C'est avant tout par nécessité, car ce dernier est atteint de démence sénile, et Sam ne sait jamais quand Tusker va partir seul et se perdre, se placer devant des voitures, voire s'oublier lui-même.

À chaque fois que le couple dort, que ce soit dans la caravane ou chez la sœur de Sam à la campagne, les positions que Sam et Tusker prennent dans leurs différents lits indiquent l’état de leur relation, s'ils se sont disputés, s'il y a de la distance ou s'ils sont dans un moment d'égoïsme.

Le premier long-métrage de Macqueen, Hinterland [+lire aussi :
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(2014), était déjà un récit à deux personnages sur les routes de Grande-Bretagne, et les moments où Supernova fonctionne le mieux sont ceux où le film suit cette formule. Les performances de Tucci et Firth sont tout en délicatesse tandis que des secrets émergent, que les différences s'accentuent et qu'ils formulent leur désir des chemins différents sur la route. Macqueen utilise le fait que le public connaît bien les acteurs pour renforcer l'impression que c’est un couple qui a passé beaucoup de temps ensemble. Ils tirent tout le profit des qualités qu'on leur connaît, Firth dans le rôle de celui qui prend soin de son partenaire, et Tucci dans celui de l’observateur acerbe.

Les performances sont soutenues par un très beau travail de photographie de la part du chef-opérateur aguerri Dick Pope, qui filme les arbres et collines comme si c’était le désert de l’Arizona. Rares sont les films qui convainquent en tant que road movie sur les petites routes insulaires de l'Angleterre, mais celui-ci y parvient. Le désir de rendre hommage à ce genre avant tout américain se manifeste même dans une scène où le couple fait une pause sur la route, dans un café au nom exquis de Soixante-Six.

Cependant, c’est un parcours en voiture qui va se perdre son chemin et se retrouver dans un embouteillage, tandis que de grands sujets liés à la fin de la vie sont introduits et que d'autres personnages entrent en scène. Dès que Sam et Tusker ont des scènes l'un sans l’autre, l'histoire implose. Ayant donné le tempo d'un film plaisant à deux personnages, Macqueen passe trop de vitesses à la fois. Inévitablement, ça cahote. Les métaphores deviennent plus évidentes, comme quand on voit une carte du ciel au plafond pendant qu’ils dorment ou qu'on explique à un enfant le fonctionnement des supernovas et le fait que tout le monde est poussière d’étoiles.

Hélas, ce n'est pas le cas de tous les films. Les grandes révélations thématiques ont ici des manières très typiquement cinématographiques de se produire : lecture d'un journal intime, enregistrements de pensées et sentiments sur des cassettes, discours pendant des dîners. C’est dommage, parce que les conversations devraient être plus intéressantes, dans la mesure où on y parle de science et de spiritualité, du fait de continuer de vivre sans son partenaire et de la manière dont on passe les derniers jours de sa vie, et malgré cela elles surviennent à travers un schéma dispute-résolution assez maladroit. Il y a aussi un dénouement ouvert à l’interprétation qui donne l’impression que l'auteur a botté en touche faute de trouver une résolution ou simplement d’explorer les souhaits des personnages.

Supernova est une production britannique qui a réuni Quiddity Films, The Bureau, la BBC et le BFI. Les ventes internationales du film ont été confiées à The Bureau.

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(Traduit de l'anglais)

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