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ZURICH 2020

Critique : Why Not You

par 

- Dans son premier long-métrage, primé à Zurich, Evi Romen s’intéresse à un homme qui perd son ami d’enfance lors d’une attaque terroriste dans un club gay de Rome

Critique : Why Not You
Thomas Prenn dans Why Not You

Why Not You [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
d'Evi Romen, déjà remarqué dans le circuit des festivals, récemment couronné à Zurich (où il a décroché l'Oeil d'or de la Compétition Focus - lire l'article), à présent en chemin pour le Festival Black Nights de Tallinn, s'ouvre sur le genre de danse frénétique qui fait forcément penser à Jennifer Beals, d'autant plus que comme la jeune fille qu'elle incarnait dans Flashdance, soudeuse de jour et danseuse de nuit, le héros central du film de Romen, Mario, est obligé pour survivre d'exercer un travail de jour tout aussi peu glamour : à la boucherie du coin, il échange des faveurs sexuelles contre de l'argent entre deux passages du sol au tuyau d'arrosage pour laver les coulées de sang animal.

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Mario, joué avec un peu trop d'intensité lugubre par Thomas Prenn – en plus de briser le quatrième mur toutes les deux minutes, on dirait –, rêve d'un avenir différent, ce qui est assez compréhensible, mais en attendant, jouer les John Travolta jeune avec une chemise à froufrous fait l'affaire. Tout cela cesse quand il perd un ami d'enfance (Noah Saavedra) dans un attentat terroriste qui frappe un club gay à Rome, et que la majeure partie de sa communauté semble se demander, ouvertement ou pas : "Pourquoi c'est lui qui est mort, et pas toi ?".

La raison de cela est avant tout que contrairement à cet autre jeune homme, de famille riche et donc pas dépourvu de perspectives d'avenir, Mario tend à être auto-destructeur, pour ne pas dire perdu, et son grand projet est grosso modo d'essayer de devenir figurant pour RAI 1 – alors que "personne ne regarde plus" cette chaîne, comme le fait valoir son père, un homme qui a les pieds sur terre. Sa sexualité aussi est un peu mystérieuse, mais il n'y a là rien de surprenant, compte tenu du fait que dans son village, la politique du "Ne demandez pas, n'en parlez pas" persiste. Il ne sait pas qui il est, et Romen (qui semble s'être inspiré de l'attentat du Bataclan) n'a pas envie de donner trop d'information non plus, car il est plus intéressé par ce qu'il cherche que par ce qu'il pourrait finir par trouver.

Why Not You, baigné dans cette lumière rouge des néons que les cinéastes adorent, fonctionne surtout quand Mario passe en mode groove, une perruque à boucles sur la tête (l'accessoire est presque un personnage secondaire ici), avec de glorieuses chansons rétro pour l'encourager. À partir du moment où il se met à souffrir sérieusement du syndrome de culpabilité du survivant (aggravé par les autochtones, qui semblent allergiques à tout ce qui sort du lot, mais pas aux potins), tout se complique, car Mario essaie de se réfugier dans la drogue, puis dans la religion, et pas "la bonne", aux yeux des gens de son entourage qui vont à la messe. Ce film est de ces histoires dont les personnages ne se sentent nulle part à leur place depuis toujours, et l'événement tragique ne fait que mettre davantage cela en évidence. Si certains des dialogues sont bien trop explicites au lieu d'être allusifs, au moins Romen (qui a déjà une belle carrière de monteuse à son actif) trouve une bonne manière d'utiliser le cadre de l'action, qui produit presque un effet comique (dans la veine humour noir) : c'est le genre de patelin où un orchestre local peut faire irruption sur le pas de votre porte et vous demander un "p'tit schnaps" et où au lieu d'exaucer ses rêves, on finit entouré de tas de viande.

Why Not You a été écrit par Evi Romen et produit par Alexander Dumreicher-Ivanceanu, Bady Minck et Gregory Zalcman pour Amour Fou Vienna et Take Five (Belgique). Les ventes internationales du film sont gérées par True Colours.

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(Traduit de l'anglais)

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