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BLACK NIGHTS 2020 Compétition

Critique : Final Report

par 

- Le nouveau film du vétéran du cinéma hongrois István Szabó est une calme contemplation de la vieillesse

Critique : Final Report
Klaus Maria Brandauer et Károly Eperjes dans Final Report

Il y a une composition de plan à laquelle Final Report [+lire aussi :
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a constamment recours et qui, si on la décrit, ressemble à l'introduction d’une blague. À de nombreuses reprises tout au long de l’histoire, on voit l’image bizarrement drôle d’un docteur (Klaus Maria Brandauer) et d’un curé (Károly Eperjes) assis en face l’un de l’autre sur un frêle voilier comme posé dans un équilibre précaire sur un petit lac marécageux. Des remarques sèches sont échangées, leur bateau est un sanctuaire qui leur permet de s'échapper de leur petit village hongrois, pour lequel ils partagent la même haine. Ce ton, tantôt condescendant, tantôt ironique, imprègne tout Final Report, le nouveau film d'István Szabó, dont la carrière distinguée entre à présent dans sa septième décennie. Le film, lancé dans les salles hongroises en février, a fait sa première internationale hier au Festival Black Nights de Tallinn, en compétition.

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Final Report est à bien des égards, clairement, un film de fin de carrière, un travail conscient de lui-même et auto-référentiel qui sert de somme au projet cinématographique de tout une vie. Szabó a commencé sa carrière avec des petits films dramatiques sur la vie en Hongrie, avant de basculer sur des projets plus ambitieux comme Mephisto (qui lui a valu l’Oscar du meilleur film en langue étrangère) et Colonel Redl, avec son acteur fétiche l’Allemand Klaus Maria Brandauer. Ce dernier revient ici dans le rôle d’un professeur en médecine récemment renvoyé de sa place qui est forcé de revenir pratiquer dans son village d’origine. L’analogie avec le statut de Szabó lui-même dans le monde du cinéma est évidente, et le "rapport final" du titre est tout autant celui du cinéaste sur l’état de la société aujourd’hui, en particulier en Hongrie, qu’il est celui de son personnage central, vif et passionné.

Le premier pan du film est le meilleur. Il se déploie comme une comédie bourgeoise acerbe sur les humiliations liées au vieil âge, comme celles qui se multiplient en Grande-Bretagne dernièrement, et mettent en scène leurs altesses royales de l'art dramatique (Le Week-End [+lire aussi :
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, The Lady in the Van [+lire aussi :
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). Brandauer (dont le personnage porte un nom, Ivan Stephanus, qui est un clin d’œil au réalisateur) se fait reléguer de manière absurde à un niveau qui n'arrive même pas au quart de sa stature. Apparemment, on dédie trop d'argent public à la recherche médicale. Sa femme (Dorottya Udvaros) est une célèbre chanteuse d’opéra classique, à l’évidence une autre industrie qui requiert des subventions d’État. La seule option d'Ivan est de retourner dans son village d’origine pour faire le médecin de province, comme son père (le père de Szabó était également médecin).

C'est ensuite que la complaisance du film apparaît au grand jour : dans le village, on accueille le grand médecin, là aussi, avec dédain et jalousie, et il trouve un rival dans l'habile maire local (András Stohl), qui ne veut pas payer pour faire venir des équipements médicaux vitaux et veut transformer le local en piège à touristes insipide. De nombreux grands films auto-référentiels ont une touche d’auto-critique ; ici, Ivan est presque une figure déifiée qui représente tout ce qui est bon et expérimenté, le dernier bastion contre un pays qui est malade jusque dans son âme. Dans un esprit bien régressif, toutes les femmes (hormis la sienne), de son assistante médicale à la cheffe de chorale à l’église (Éva Kerekes), désignée avec condescendance par le surnom de "Erszi qui chante", se jettent dans ses bras, ce qui fait de lui le Lothario local.

Final Report est sincère dans ses objectifs : faire le pont entre la conscience politique qui s'exprimait dans les travaux précédents de Szabó et une critique de la société contemporaine, le tout poétiquement saupoudré d'arôme de Fraises sauvages. Hélas, son défaut, c’est qu’il laisse une plaisanterie spirituelle sur la corruption dériver vers un cours magistral plus auto-satisfait.

Final Report est une production hongroise qui a réuni les efforts de Film Street et Filmkontroll. Les ventes internationales du film sont assurées par NFI World Sales – Institut national du cinéma de Hongrie.

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(Traduit de l'anglais)

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