email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

GÖTEBORG 2021

Critique : The Salt in Our Waters

par 

- Ce premier long métrage du Bangladais Rezwan Shahriar Sumit est un film clair, direct et chaleureux sur les thèmes de l'autorité, de la liberté individuelle, de la religion et du changement climatique

Critique : The Salt in Our Waters

Le premier long-métrage du réalisateur et scénariste Rezwan Shahriar Sumit, The Salt in Our Waters [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, était en lice dans la Compétition Ingmar Bergman au Festival international du film de Göteborg, après avoir été au programme du Festival BFI de Londres et du Festival international du film de Busan. C'est une oeuvre vivante et chaleureuse qui aborde les thèmes de l'autorité, de la liberté individuelle, de la religion et du changement climatique à travers l'histoire simple d'un citadin qui débarque dans le village de son défunt père.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

On fait la rencontre de Rudro (Titas Zia), un sculpteur d'une trentaine d'années, dans un port du golfe du Bengale, alors qu'il ne comprend pas encore la nécessité de soudoyer un fonctionnaire qui refuse de le laisser charger une grosse caisse en bois sur son navire sans inspection préalable. Une fois arrivé à destination, une île lointaine dans la mangrove du delta du Bangladesh, il est chaleureusement accueilli par son hôte, Bashar (Ashok Bepari), et par un groupe d'hommes heureux de décharger le cargo gratuitement. Le chef du village (Fazlur Rahman), un leader religieux et moral autoritaire que les gens du coin appellent "Président", vient également à la rencontre de l'étranger.

Rudro est venu sur l'île pour y trouver l'inspiration pour sa nouvelle installation. Quand ils ouvrent la caisse en bois, les hommes découvrent trois effigies humanoïdes emballées dans du plastique, ce qui les fait immédiatement sursauter. Le Bangladesh est un pays profondément musulman, et la différence entre idoles interdites et sculptures artistiques est floue.

Rudro, optimiste, l'œil brillant, adore l'humble hutte qu'il loue à Bashar sur la plage. Il déballe ses sculptures et commence à travailler dessus, et quelques enfants du village menés par Taher, le jeune fils de Bashar, s'y intéressent. Très vite, une bande de garçons se retrouvent dans l'atelier à travailler l'argile. Les hommes du village les regardent avec désapprobation, car ils voient cette pratique comme une offense à Allah. Tuni (Tasnova Tamanna), la grande sœur de Taher, est également attirée par l'étranger, mais elle doit être particulièrement prudente.

Quand, au premier jour de la saison de la pêche, principale source de subsistance du village, les bateaux reviennent presque vides, le Président en rejette la faute sur "l'idolâtrie" de Rudro. L'étranger instruit explique que le climat est la cause de cette pêche infructueuse, mais c'est en vain. Une atmosphère toxique s'installe. Le jour suivant la pêche est bonne, ce que Rudro avait prédit. Cela lui permet de regagner un peu le respect des villageois. Cependant, il va redevenir le cible de la défiance des locaux après avoir été aperçu seul avec Tuni.

Un cyclone est à l'approche, mais le Président exhorte malgré tout les pêcheurs à sortir, en dépit du risque, et à ne pas prêter attention aux avertissements à la radio, car Allah les protégera. Évidemment, Rudro ne voit pas du tout les choses de cette manière, et son humanisme inné le fait agir en conséquence.

C'est une histoire simple et directe qui fait se confronter deux visions du monde, mais le personnage tolérant de Rudro sert de filtre évitant de réduire les choses à une dychotomie simpliste et manichéenne. Il se dégage aussi du film quelque chose de très sincère, comme si le film était la transposition précise de la pensée et des sentiments du réalisateur pour son pays.

Visuellement, on a affaire à un film luxuriant, mais pas dans le sens clinquant, façon Bollywood. Le ciel est généralement couvert, ce qui donne au sable un aspect plus ocre que doré, et une teinte brunâtre aux eaux peu profondes. La verdure est opulente, mais les vêtements colorés des autochtones ont une jolie patine. La scène la plus frappante est celle où l'on peut voir un énorme pétrolier échoué sur le sable, une image post-apocalyptique comme tirée de La Planète des singes qui renvoie au dérèglement climatique, auquel le Bangladesh est confronté avec encore plus d'urgence que la plupart des autres pays.

Avec sa caméra à l'épaule, la cheffe-opératrice thaïlandaise Chananun Chotrungroj se concentre souvent sur les aspects tactiles et dynamiques de l'image : les mains des garçons en train de sculpter, les visages luisants de sueur des hommes installant leurs cannes à pêche sur leurs bateaux, les corps enveloppés dans leurs saris des femmes travaillant au potager.

The Salt in Our Waters est une coproduction entre mypixelstory (Bangladesh) et Arsam International (France). Les ventes internationales du film sont assurées par Film Republic.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Alexandre Rousset)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy