email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

DOCAVIV 2021

Critique : A Jewish Life

par 

- Les réalisateurs autrichiens Christian Krönes, Florian Weigensamer, Roland Schrotthofer et Christian Kermer reviennent avec un documentaire consacré au survivant à l’Holocauste Marko Feingold

Critique : A Jewish Life

Après leur film de 2016, A German Life, nominé aux EFA, un travail qui réunissait une interview de l’ancien secrétaire de Goebbels et différents documents d’archives, les réalisateurs autrichiens Christian Krönes, Florian Weigensamer, Roland Schrotthofer et Christian Kermer reviennent avec un autre documentaire lié au nazisme : A Jewish Life [+lire aussi :
interview : Christian Krönes et Floria…
fiche film
]
, qui vient de faire sa première mondiale dans le cadre de la compétition israélienne du festival Docaviv.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Cette fois, la personne interrogée est le survivant à l’Holocauste Marko Feingold, un juif viennois qui a passé sa vie à aider des survivants à rallier la Palestine et s’est ensuite consacré à la mémoire de la Shoah. Cependant, cette part de sa vie, la plus importante en termes de durée, car elle s'est étalée de 1945 à 2020, date de sa mort à l’âge de 106 ans, ne prennent que 20 minutes sur les 114 que dure le documentaire – il y relate comment, après la fin de la guerre, il a dû faire semblant de travailler pour le gouvernement italien et soudoyer des officiels autrichien pour envoyer des juifs de l'autre côté de la frontière.

Dans le segment d’ouverture du film, cet homme distingué et élégant dit que c’est probablement la colère qui l'a maintenu en vie pendant si longtemps. Après une description de son enfance à Vienne, avec un accent sur ses expériences parmi les pickpockets du Parc Prater, et un récit de la période où il vendait du vernis pour les sols à Trieste avec son grand frère, il dément sans ambages toute suggestion d'une éventuelle complicité des Autrichiens dans l'Holocauste.

Selon Feingold, Hitler a été accueilli à Vienne en sauveur, avant tout du fait des conditions de pauvreté dans lesquelles les Autrichiens vivaient à l’époque : le taux de chômage très élevé était exacerbé par un manque de nourriture. "Certains avaient enfin une portion correcte de goulasch", reconnaît-t-il, ainsi que le fait qu’il était là lors de fameux discours abject du Führer. Il insiste sur l'idée qu'Hitler n'aurait pas eu autant de succès si l’antisémitisme n’était pas déjà fortement ancré dans les mentalités.

Une autre élément clef a été la complicité automatique de la police pour ce qui est de trouver et enregistrer les juifs de tous les pays qu’il a envahi, et Feingold est le premier concerné, puisqu’il a fait lui-même une vaste odyssée, fuyant Vienne pour la Tchécoslovaquie, puis la Pologne, pour se retrouver à Auschwitz, parmi les premiers prisonniers, après quoi il a aussi été enfermé à Neuengamme, Dachau et Buchenwald.

Les co-réalisateurs du film reprennent l'approche qu'ils avaient choisie pour A German Life : tout s'articule autour d'une interview façon tête parlante en noir et blanc, où le sujet est placé face caméra et filmé en gros plan moyen ou en gros plan, intercalée avec des images d’archives diverses et variées, tantôt directement rattachées à son histoire (notamment un film de particulier sur la foule à Vienne pendant l’Anschluss), tantôt moins spécifiques (comme des films pédagogiques et de propagande pour l’armée américaine). On a aussi l'occasion d’entendre des extraits des multiples lettres haineuses qu’il a reçues au fil des décennies.

A Jewish Life, ascétique et sans compromis, est résolument un film qui vient à point nommé, à une époque qui, à bien des égards, semblent retraverser des événements similaires à ceux des mêmes décennies au siècle dernier. À l’époque, on n'avait ni la technologie, ni une vraie conscience des choses qui aurait permis d'avertir les gens du fascisme rampant partout dans le monde, mais à présent que nous avons tout cela, on dirait qu'on n'a rien appris du passé : il suffit de comparer les articles du New York Times parus en 1920 et ceux de 2021. Alors, il était dit qu'Hitler avait été "presque éliminé" après l'échec du putsch de la brasserie de Munich ; maintenant, on qualifie les émeutes au Capitole de marque de "la fin de l'ère Trump". Les documentaires qui nous avertissent et nous rappellent ces dangers sont de plus en plus nombreux ces derniers temps. A Jewish Life est un ajout de grande valeur à ces travaux.

A Jewish Life a été produit par la société autrichienne Blackbox Films. La société israélienne Cinephil en assure les ventes internationales.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy