10/09/2021 - VENISE 2021 : Le nouveau film du Brésilien Aly Muritiba raconte un amour impossible qui a pour toile de fond un Brésil machiste et homophobe

Dans le nouveau long-métrage du réalisateur brésilien Aly Muritiba, Le Champ des Possibles [+lire aussi :
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interview : Aly Muritiba
fiche film], qui a fait sa première mondiale dans le cadre des 18^e Giornate degli Autori de Venise, on voyage du sud au nord du Brésil, deux espaces géographiques et émotionnels très différents. Le film est un drame sentimental sous forme de road movie qui amène son personnage central à la découverte d’un côté inconfessable de lui-même et qui, grâce à une bonne dose de suspense, conserve tout du long l’attention du spectateur.

Au centre des pensées de Daniel (Antonio Saboia), il y a toujours Sara, une femme qu’il a connue sur Internet et qu’il n’a encore jamais rencontrée, puisqu’elle vit de l'autre côté du pays. Et pourtant notre homme, un agent de police suspendu pour avoir agressé une nouvelle recrue, aurait bien d'autres choses dont se préoccuper : le procès qui l'attend, par exemple (et dont parlent même les journaux télévisés), ou la nécessité de s'occuper de son père malade (un père ancien militaire qui ne parle plus et qui a besoin de soins constants). La première partie du film suit Daniel dans son terne quotidien, tandis qu'ils cherche des emplois de nuit comme videur de discothèque et se dispute avec sa sœur, qui voudrait bien placer le père dans un établissement médicalisé et dont il désapprouve catégoriquement l'amour pour une autre femme.

La seule personne qui réussit à faire sourire Daniel, c’est Sara, avec laquelle il échange des messages et des photos par téléphone portable. Un jour, cependant, à l’improviste, elle cesse de répondre au téléphone et disparaît. Daniel décide tout de go de prendre sa voiture et de partir dans le nord, laissant tout tomber y compris son père, et d’aller la rechercher, à 3000 km de chez lui. C’est à ce moment-là que le réalisateur semble vouloir faire réellement commencer le film, car c'est là qu'intervient le générique de début, après une demi-heure de film. Arrivé à destination, Daniel couvre la petite ville où vit Sara d'affiches avec sa photo, espérant que quelqu’un la reconnaîtra et lui indiquera où la trouver. Un homme va en effet l'appeler pour lui dire qu'il sait où se trouve la jeune femme, mais sans plus de précisions.

À la moitié du film, la perspective change, à tous niveaux. On voit qui est vraiment Sara et on entre dans son quotidien, dans sa double vie. Entretemps, Daniel a retrouvé le contact au téléphone avec sa dulcinée et il demande avec une insistance croissante à la rencontrer. Sara ne pourra plus se dérober.

Le Champ des Possibles est l’histoire d’une rencontre inattendue qui remet en question les certitudes d’un homme, provoquant pour lui des désillusions et de la colère, allant jusqu’à exacerber son agressivité, pour ensuite, progressivement, le reconnecter avec ses sentiments. C’est l’histoire d’un enchantement qui se rompt, d'une relation impossible entre deux âmes suspendues entre amour et haine, de la rencontre entre deux mondes distincts : le sud du Brésil, froid et conservateur, et le nord, ensoleillé et progressiste. Le tout est traité avec beaucoup de délicatesse et bien soutenu par des interprètes intenses (Antonio Sabola, mais aussi Pedro Fasanaro). Le résultat est un film très juste qui questionne le concept de liberté personnelle et le poids des prisons mentales qu'on se construit.

Le Champ des Possibles a été produit par la société brésilienne Grafo Audiovisual en coproduction avec la portugaise Fado Filmes. Les ventes internationales du film ont été confiées à Intramovies.

(Traduit de l'italien)