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MILLENNIUM DOCS AGAINST GRAVITY 2021

Critique : Bucolic

par 

- Le film de Karol Pałka, le gagnant de la compétition polonaise du 18e festival Millennium Docs Gravity, pose un regard poétique et curieux sur deux femmes qui vivent recluses

Critique : Bucolic

Quiconque s’attendait à ce que Bucolic de Karol Pałka soit une pastorale moderne inondée de soleil, avec des animaux mignons et des maisons vintage aux murs blancs impeccables pourrait être surpris. Le réalisateur polonais, qui a présenté ce travail en première mondiale à la Semaine de la Critique de Locarno et vient de gagner un prix dans la section compétition polonaise du 18e Festival Millennium Docs Against Gravity, embarque son public dans un voyage inattendu et très évocateur vers une campagne plus habitée par les esprits que par les êtres vivants. La scène d'ouverture a été tournée vers la fin de l’automne polonais, ce qui est probablement la saison la plus déprimante qu'ait inventé la nature, avec peu de lumière, du brouillard, des arbres nus, et deux femmes assez curieuses qui logent dans des vieilles chambres encombrées de vêtements, de chiens, de décorations de Noël et d’objets religieux.

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Ces deux femmes, Basia et sa mère Danusia, vivent loin du centre de village, mais aussi hors du temps. Leurs voisins ne leur rendent pas visite. Seul un curé du coin vient de temps en temps leur donner la bénédiction. Quand elles vont faire des courses, elles surchargent leurs petits vélos de choses, de manière à ne pas quitter la maison trop souvent. Danusia est une catholique fervente, mais elle sent aussi la présence d’esprits qui n'ont a priori rien à voir avec la religion. Basia, plus terre à terre, a pour objectif de rencontrer un homme mystérieux, Franek, avec lequel elle converse parfois au téléphone. Bucolic est dans ce sens une histoire sur l’absence et le désir que quelque chose arrive – un sentiment de deuil et de douleur se dégage à l’écran, le genre de vide qui ne peut venir que du manque, de quelque chose ou de quelqu’un. C’est un type de sentiment très polonais, ou plutôt très slave, que le réalisateur transmet merveilleusement.

Pałka, qui a également assuré la photographie du film, offre plus ici qu’un simple tableau résultant d'une observation : il utilise différents objectifs ainsi que des ralentis et ajoute la chanson folk "Specially for You" de DakhaBrakha, ce qui nimbe le film d'intensité, de poésie et de singularité. Les saules (arbres iconiques en Pologne, qui ont inspiré des artistes comme Chopin), le brouillard et l’herbe, saisis par la caméra de Pałka, exaltent cette atmosphère étrange. Tous ces styles, combinés à l’ambiance, font de Bucolic un récit spirituel et banal à la fois, paisible mais légèrement dérangeant, sur deux femmes et la nature qui les entoure. Et si cette critique donne l'impression que Bucolic est un film un peu sombre et opaque, c’est en réalité une histoire légère et plaisante à suivre. La lumière du soleil, quand elle est directe, façon pastorale, peut être un peu éblouissante, mais quand elle est tamisée, on a des choses une vue plus claire.

Bucolic a été produit par Wajda Studio en coproduction avec EC1 Łodź – Ville de la Culture et les Archives nationales du cinéma-Institut de l'audiovisuel de Pologne. Les ventes internationales du film sont gérées par Taskovski.

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(Traduit de l'anglais)

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