28/10/2003

Victoire en Europe de la défense de la diversité culturelle et tensions apaisées sur le front hexagonal des financements liées à Canal +. Traditionnel rendez-vous des décideurs de la production française, les 13es Rencontres Cinématographiques de Beaune organisées en Bourgogne du 23 au 26 octobre par l’ARP (Auteurs-Réalisateurs-Producteurs) ont profité de cette atmosphère de transition pour explorer et analyser les facettes contradictoires de l’avenir numérique et de l’élargissement de l’Europe, des domaines porteurs d’autant de potentiels que de menaces.

Fer de lance dans les luttes passées en faveur de la diversité culturelle, les professionnels français ont accueilli samedi chaleureusement la Commissaire européenne à la Culture Viviane Reding. Cette dernière a retracé en compagnie du ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon le parcours de l’inscription du principe de la diversité culturelle dans le projet de Constitution Européenne et le début positif des travaux à l’Unesco pour établir une norme internationale sur la question qui ne soit pas court-circuitée par l’OMC. Appelant à la vigilance car "les Américains vont commencer à se réveiller", Viviane Reding a souligné la nécessité d’"aller plus loin dans l’aide européenne au film" afin d’améliorer la circulation des œuvres. Surtout, elle a annoncé qu’elle entendait avant la fin de son mandat "donner une sécurité juridique au cinéma pour plusieurs années à venir", en particulier dans le domaine des soutiens nationaux à la production, en s’appuyant sur la compréhension de son homologue européen chargé de la Concurrence, Mario Monti.

Présentées sous une forme-choc par le réalisateur Alain Corneau, président de ces 13èmes Rencontres, les tables rondes sur les thèmes des DVD, de l’exploitation numérique et de l’élargissement de l’UE ( qui feront prochainement l’objet d’un dossier complet sur Cineuropa) ont permis de mesurer la complexité croissante de l’environnement cinématographique. Selon le cinéaste, ces défis de grande ampleur peuvent aussi bien stimuler l’Europe de la diversité que faire du numérique "le Terminator de l’audiovisuel de masse". Une opinion partagée au terme des débats par l’ARP qui s’est inquiétée dans son communiqué final de l’effondrement des cinématographies de l’Est et réclame qu’après 2006 un nouveau Programme Media prenne en compte les besoins de ces pays et que la France rétablisse un fonds d’aide spécifique en leur faveur comme il en existait au début des années 90. Et sur le terrain de l’exploitation numérique, les cinéastes de l’ARP ont fait part de leurs inquiétudes face aux "risques de concentration et d’uniformisation liés à cette nouvelle technologie et demandent la mise en place d’outils de normalisation et de régulation".