email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

LUXEMBOURG 2022

Critique projet transmédia : A colônia luxemburguesa

par 

- L’historienne Dominique Santana raconte le passé méconnu de Monlevade, une petite colonie grand-ducale située en plein cœur de l’état brésilien du Minas Gerais

Critique projet transmédia : A colônia luxemburguesa

C’est à un riche voyage de plus d’un siècle d'histoires partagées entre le bassin minier luxembourgeois de la région d’Esch et l’État de Minas Gerais au Brésil, que nous invite Dominique Santana. Un récit complexe et fondateur, jusque-là jamais véritablement raconté, ou en tout cas avec un tel niveau de profondeur. Le travail accompli par la jeune historienne, elle-même sur les traces de ses origines brésiliennes, relève d’un coup du maître qui tombe à pic.

En effet, la ville d’Esch-sur-Alzette, berceau des "Terres Rouges" ("Minett" en luxembourgeois) qui a abritait des années durant l’un des plus grands centres sidérurgiques au monde, vient de recevoir le prestigieux label de Capitale européenne de la culture 2022. Pour l’occasion, les hauts fourneaux de Belval ont été aménagés en un vaste centre d’exposition dont la programmation revisite – entre autres – le passé industriel du Grand-Duché. Parmi les dispositifs artistiques déployés, ont été mises en place deux plateformes physiques appelées "[L]aço" (jeu de mots entre "lien" et "acier"), reliant deux pays éloignés par plus de 10 000 km : des kiosques munis d’une cabine téléphonique digitale pour communiquer entre le Luxembourg et la ville de João Monlevade, bourgade située à 100 km à l’ouest de Belo Horizonte au Brésil. L’initiative fait partie du projet A colônia luxemburguesa, présenté au Luxembourg City Film Festival et désormais accessible gratuitement sur son site, qui comprend également un site web muni d’un documentaire interactif.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

D’abord fondé par le pionnier français Monlevade, qui a donné son nom au lieu, la ville a accueilli sur le continent américain de nombreux travailleurs luxembourgeois jusqu’à constituer une véritable colonie grand-ducale. Une incongruité qui surprend autant qu’elle fascine. Tout s’est passé sous la seule impulsion d’un homme, Louis Ensch, réputé pour sa ténacité et sa vision d’avenir. Un bâtisseur aux ambitions sans fin qui a forgé la première filière sidérurgique intégrée du Brésil au début du siècle dernier, rapidement érigée en l’un des plus grands centres de production en Amérique du Sud. Ce luxembourgeois d’origine avait été missionné par le géant Arbed – aujourd’hui ArcelorMittal – pour inaugurer sur le continent une filiale nommée "Companhia Siderurgica Belgo Mineira".

Classée par thèmes, et selon une impeccable chronologie, l’aventure humaine de Monlevade est racontée par la caméra de Dominique Santana qui cherche les petites histoires dans le grand récit industriel de l’époque. Esclavage, colonialisme, organisation hiérarchique et sociale de la communauté, place accordée aux femmes et à l’éducation des plus jeunes générations, crises politiques et déchirements liés à la Seconde Guerre mondiale (les luxembourgeois ayant été un temps perçus par les brésiliens comme des "nazis") : sont ici abordés les grands comme les petits moments de la cité construite de toute pièce au cœur de la forêt.

Pour illustrer les témoignages des descendants de pionniers luxembourgeois, le documentaire et ses installations interactives font appel à de nombreuses images d’archives. Comme celles de la visite officielle de S.A.R le Grand-Duc héritier Jean en juin 1942. "Monlevade était le Luxembourg". Mais qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Le documentaire et ses installations tentent avec tact et délicatesse de répondre à cette question : un voyage aussi passionnant que fascinant.

Produit par Samsa Films sous la houlette de Bernard Michaux, le projet est soutenu par le Film Fund Luxembourg, le Fonds National de la Recherche au sein de l‘Université du Luxembourg et développé en cotutelle avec l’Université de São Paulo au Brésil.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy