email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VILNIUS 2022

Critique : Everything Will Change

par 

- Le deuxième long-métrage de Marten Persiel propose une expérience de cinéma intéressante : il enchevêtre des éléments de récit de SF anti-utopique avec les traits d’un documentaire sonnant l’alarme

Critique : Everything Will Change

L'ouverture du deuxième long-métrage de Marten Persiel, Everything Will Change [+lire aussi :
interview : Marten Persiel
fiche film
]
, consiste en une brève série de gros titres préoccupants balayant les trois prochaines décennies qui documentent l’impact dévastateur de l’humanité sur le climat et la nature. Le film, qui a fait sa première au Festival de Zurich et qui a reçu le Prix du public du meilleur long-métrage de fiction au Festival Max Ophüls, est un récit tout à fait captivant. Il est à présent au programme du Festival international du film de Vilnius (24 mars-3 avril), dans la section Panorama.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Nous sommes en 2054 et les choses sont clairement parties à vau-l’eau. La végétation et la terre ont des teintes rouges et grises très peu naturelles, les gens sont confrontés à différentes pandémies, avec leurs successions de vagues (ce qui fait que beaucoup vivent confinés, par choix ou sous le coup de la paranoïa montante) et les deep fakes sont tellement répandus que plus personne ne croit en rien. De fait, dans cette société, les images sont considérées comme de simples objets faisant partie du confort, livrés sous forme d'hologrammes ou de puces rétiniennes sophistiquées. L’histoire est divisée en plusieurs chapitres, narrés par une vieille dame inconnue (Jacqueline Chan) qu’on voit occasionnellement compulser les pages d’un livre. On ne sait pas qui elle est, ni où, ni quand elle nous raconte cette histoire, mais cela importe peu. Au lieu de ça, on apprend à connaître les personnages de son récit : un groupe de trois personnes d’une vingtaine d’années qui partagent un appartement, Fini (Paul G Raymond), Cherry (Jessamine-Bliss Bell) et Ben (Noah Saavedra). Une rencontre mystérieuse avec une vieille dame appelée Elisabeth (Vibeke Hastrup) va forcer Fini et Ben (puis Cherry par la suite) à se lancer dans tout un parcours pour découvrir la vérité sur le passé de la Terre et la beauté depuis longtemps disparue de la nature.

Arrivé là, Persiel surprend habilement le spectateur : ce qui s'annonçait comme un sympathique (quoique pas totalement nouveau) film de science-fiction se change en documentaire informatif et très intéressant sur les difficultés posées par le changement climatique. Elisabeth amène Fini et Ben dans "l’Arche", un endroit où la vérité et l’histoire sont préservés grâce au travail acharné d’un grand groupe de scientifiques, or ces scientifiques (à l’exception de Wim Wenders, qui a soutenu ce projet et fait ici une brève apparition) sont de vrais académiques et experts qui nous avertissent, à travers Fini et Ben, sur les tragédies du présent en adoptant un point de vue futur crédible.

L’intrigue fictionnelle devient de plus en plus mince et les têtes parlantes des scientifiques, présentées parallèlement à des images d’archives pertinentes, prennent le devant de la scène. Quoique l’objectif principal de ce film soit à l’évidence de sensibiliser, d’enseigner et d’informer, il y a tout de même beaucoup de soin dans la manière dont sont confectionnés les segments fictionnels : on le note en particulier dans les élégants décors "cyberpunks" de Sebastian Soukup l’excellente photographie aux couleurs saturées de Felix Leiberg.

Est-il encore temps pour nous de récrire l’Histoire et de changer les gros titres terrifiants qui apparaissent dans la séquence d’ouverture ? Que devrions-nous faire pour empêcher cette catastrophe imminente ? La séquence finale fournit quelques réponses, mais pose aussi de nouvelles questions. Dans l’ensemble, le film de Persiel est une expérience lourde de sens et nécessaire car il s'écarte, au moins en partie, des structures classiques et des choix stylistiques habituels des documentaires environnementaux, tout en engageant le spectateur à vraiment ressentir l’angoisse et le désenchantement qui s'imposent.

Everything Will Change est une coproduction entre l’Allemagne et les Pays-Bas qui a réuni les efforts de Flare Film, Windmill Film, Rundfunk Berlin-Brandenburg – RBB, NDR – Norddeutscher Rundfunk, BR Bayerischer Rundfunk, KRO-NCRV et ARTE Deutschland. En Allemagne, le film sera distribué par Farbfilm Verleih GmBH.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy