05/05/2022 - Michael Winterbottom et Mohammed Sawwaf proposent un documentaire sur des enfants qui ont péri lors du bombardement de Gaza par Israël en mai 2021

Eleven Days in May est un documentaire qui montrent les familles de certains des enfants palestiniens qui sont morts quand Israël a bombardé Gaza en mai 2021. Plusieurs membres de 28 familles évoquent leurs enfants, frères ou sœurs, avant que leurs vies ne soient tragiquement écourtées. C’est aussi sombre et bouleversant qu'on peut l'imaginer. Au moins 60 des 200 personnes tuées par les bombes étaient des enfants (même si le nombre exact est impossible à vérifier). Le film va sortir au Royaume-Uni avec Revolution Films le 6 mai.

Ce documentaire a été co-réalisé par le cinéaste britannique encensé Michael Winterbottom avec le réalisateur et journaliste palestinien primé Mohammed Sawwaf. C'est Winterbottom qui a eu l’idée du film et qui a monté les images. Il a travaillé en liaison avec Sawwaf, qui tournait sur le terrain. L’actrice britannique Kate Winslet a prêté sa voix pour présenter brièvement, à chaque fois, l'endroit où l'enfant se trouvait quand il est mort, laissant ensuite le reste du récit à la famille. La musique du film a été confiée au compositeur germano-britannique Max Richter.

L’ordre dans lequel les familles interviennent correspond à la chronologie de la mort des enfants. Le documentaire commence par des images diffusées sur BBC News expliquant les événements en cours à Jérusalem à ce moment-là. C’est le dernier vendredi du mois sacré du Ramadan, pour les musulmans, et dans les mosquées, les gens protestent contre l'expulsion de Palestiniens chassés de leurs foyers dans la zone occupée de Jérusalem-Est. La réponse des forces israéliennes est de projeter des grenades assourdissantes dans la mosquée. La situation s'envenime encore davantage quand des Israéliens manifestent dans un quartier qui célèbre la fête nationale du pays, le lundi suivant. Et puis Israël donne le coup d'envoi du bombardement de Gaza, le 10 mai.

Les familles, stoïques, parlent à la caméra de ceux qu'elles ont perdus. Tandis qu’elles racontent, des photos et vidéos défilent qui montrent l'enfant quand il était vivant – de fait, un tel film ne pouvait exister que de nos jours, l'ubiquité actuelle des smartphones signifiant que presque toutes les vies humaines auront été documentées, d’une manière ou d’une autre. On remarque aussi que beaucoup des membres les plus jeunes des familles interrogées portent des maillots de footballeurs européens. Ces enfants semblent vivre une vie très isolée et rude et pourtant, à bien des égards, ils font partie de notre réalité mondialisée, et les réalisateurs ne veulent pas qu’on les oublie.

Le fils ne tente pas d'émettre de commentaires ou de revenir sur l'histoire du conflit au Moyen-Orient : l'accent est mis sur le fait qu'à chaque fois qu'il y a une guerre, des enfants sont privés d'avenir. Le film n'essaie à aucun moment de faire quoi que ce soit de spectaculaire en termes de style narratif, ni de proposer un récit en particulier : les co-réalisateurs ont décidé que les témoignages des familles étaient suffisamment puissants pour porter le film.

Winterbottom a dit dans une interview avec The Guardian : "On doit trouver cela choquant, quand on voit un enfant tué par une bombe". Il suggère à travers ces mots que le public est devenu désensibilisé face aux images de guerre, du moins venant de cette partie du monde. Cependant, le film est aussi très touchant : à chaque fois que les familles parlent de l'enfant qu'elles ont perdu, c’est comme si elles le ramenaient de parmi les morts, pour un court moment.

Eleven Days in May est une coproduction entre le Royaume-Uni et la Palestine qui a réuni les efforts de Revolution Films et Alef Multimedia.

(Traduit de l'anglais)