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CANNES 2022 Compétition

Critique : Stars at Noon

par 

- CANNES 2022 : Le nouveau film de Claire Denis n’a pas vraiment de sens et d’une certaine manière, c’est pas plus mal

Critique : Stars at Noon
Margaret Qualley et Joe Alwyn dans Stars at Noon

Claire Denis fait son retour au Festival de Cannes avec un film qui laisse tout simplement bouche bée, et pas toujours dans le bon sens. Son nouveau travail, Stars at Noon [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, présenté en compétition, est un récit trempé de sueur, légèrement vulgaire, avec une saveur assez rétro (l'histoire du roman dont il s'inspire se situe au Nicaragua dans les années 1980, apparemment) quoiqu'il semble se passer maintenant pendant la pandémie. Mais ce n'est pas tout.

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Margaret Qualley (toujours excellente, de Novitiate à Maid) joue une fille qui prétend être journaliste, mais passe le plus gros de son temps à rôder autour d’un hôtel, couche parfois avec des types (ce qui "a un prix") et à aucun moment n'écrit. Un jour fatidique, elle a une brève rencontre avec Joe Alwyn, un homme d’affaires toujours vêtu d'impeccables costumes blancs, et très vite, ils sont amoureux, puis en cavale. Il fait si chaud qu'on ne respire pas, et il n’y a aucun endroit où fuir, mais ça ne les empêche pas d’essayer.

Cela fait des lustres que l’auteure de ces lignes n'avait pas vu un film comme ça, sur deux personnages (blancs) perdus au milieu d’un monde qu’ils ne connaissent pas bien et qui les rejette ouvertement, sans objectif clairement annoncé ni plus d’explications que ça. On pense tout de suite à L'Année de tous les dangers, et on imagine aisément que cette histoire aurait fonctionné comme un titre de prestige interprétés par des stars il y a quelques décennies, ou un de ces thrillers érotiques dont Adrian Lyne avait le secret.

Cependant, Denis rend les choses beaucoup, beaucoup plus bizarres. Les dialogues sont parfois risibles : la rencontre entre les deux amoureux fait l'effet d’une audition ratée pour un film de James Bond – "Avec ce genre de bonnes manières, vous allez finir par vous faire tuer", dit le personnage de Qualley, Trish. Elle compare ensuite coucher avec lui à "baiser un nuage", à cause de la pâleur de porcelaine de sa peau, et réclame "du rhum et du shampooing". L’auteure de ces lignes n’avait pas idée de ce qui se passait, tout au long du film, et pourtant, impossible de détourner le regard. Du délire, franchement.

Enfin ce serait du délire si Denis ne savait pas filmer les corps, par exemple : ce n'est jamais "cheap", même si parfois, il est moins question de sexe que du luxe de profiter un peu de l’air conditionné. La réalisatrice se concentre sur les traces laissées sur le dos de quelqu’un, sur les visages luisants. Ses acteurs principaux sont peut-être un peu jeunes pour que le cynisme qui les caractérise soit totalement crédible, mais ils ont effectivement une bonne alchimie.

Et puis bon, peut-être que c’est ça, l’objectif, puisque tout le monde ici ment : les gens mentent sur leur métier, sur qui ils sont vraiment et sur ce qu’ils cherchent. Trish aimerait être une figure romantique, une rebelle farouche prise au milieu de ce chaos, mais on sent en elle un désespoir et une solitude qui la trahissent. La vie d’aventures dont elle rêvait ne fonctionne manifestement pas, ce qui devient douloureusement clair après un drôle d’échange avec un John C. Reilly ensommeillé qui apparaît brièvement dans le rôle d'un éditeur potentiel pour Trish et livre une masterclasse sur la meilleur manière de dire à une journaliste travaillant en free-lance pour une publication que cela ne veut pas dire qu’elle est son employée. Ouille !

Le film n'est vraiment pas une réussite, mais il reste un travail intéressant, surtout dans sa maladresse. Ces histoires tendent à soit se faire une clique d'adeptes d'emblée, soit à faire rire dans les moments les plus inopportuns. Les interprétations des acteurs sont étranges quoiqu'engagées (quand même Benny Safdie finit par faire une apparition, devant un petit déjeuner, ce n'est même plus surprenant), mais il n'en reste pas moins qu'on sent un plaisir très coupable en regardant ce film. Même s'il vous laisse grosso modo le nez dans la poussière à la fin, perplexe, avec une envie dingue de boire du rhum.

Stars at Noon est une production française de Curiosa Film, en coproduction avec ARTE France Cinéma et Ad Vitam. Les ventes internationales du film sont gérées par Wild Bunch International.

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(Traduit de l'anglais)


Galerie de photo 26/05/2022 : Cannes 2022 - Stars at Noon

26 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Claire Denis, Joe Alwyn, Danny Ramirez, Margaret Qualley
© 2022 Fabrizio de Gennaro for Cineuropa - fadege.it, @fadege.it

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