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FILMS / CRITIQUES France

Critique : Les Goûts et les couleurs

par 

- Rebecca Marder illumine le nouveau film de Michel Leclerc, une comédie romantique et mélancolique sur les ambitions artistiques, l’adaptation compliquée au réel et les différences de perceptions

Critique : Les Goûts et les couleurs
Rebecca Marder dans Les Goûts et les couleurs

Savoir changer de peau et retrouver la joie première, ne pas perdre le lien avec le feu sacré et la source capricieuse de la créativité, accepter de se lancer dans l’inconnu : la vie d’artiste n’a rien d’une sinécure et les rêves d’accomplissement ont souvent comme face B un quotidien de soutier nettement moins glamour où persévérance, talent et chance jouent ensemble à la loterie très incertaine du succès. Néanmoins, la magie originelle ne s’estompe jamais, celle des instants intimes où trois accords, une mélodie et quelques paroles s’entremêlent et se façonnent comme à tâtons, s’harmonisant dans l’échange et dans un temps de grâce et de plénitude suspendu où tout le reste du monde s’abolit.

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Évidemment tout le monde n’a pas la même définition et une identique perception de l’art. Qui a raison ? Qui a tort ? Comme en amour, personne, car les différences sont à la fois le moteur des conflits et le reflet de la capacité de chacun à développer le respect d’autrui et donc à mieux se comprendre soi-même. Mais tout cela est évidemment beaucoup plus simple sur le papier que dans l’expérience vécue des sentiments. C’est toute cette palette de questions que Michel Leclerc a glissé sous la surface de son nouveau film, le très rafraîchissant Les Goûts et les couleurs [+lire aussi :
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, lancé demain dans les salles françaises par Pyramide Distribution, un long métrage bienveillant et plein de charme avec lequel le cinéaste poursuit sa route en équilibre sur le fil de la tendre comédie d’auteur sociétale comme il l’avait fait entre autres avec Le nom des gens [+lire aussi :
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(Semaine de la Critique à Cannes en 2010) et La Lutte des classes [+lire aussi :
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(2019).

Entre un couplet et un refrain, il faut un pont. Et c’est justement une nuit, du Pont des Arts, à Paris, délesté des cadenas des amoureux du monde entier, que se précipite, dans un ultime envol, Daredjane (Judith Chemla), une figure légendaire (mélange de Brigitte Fontaine, Barbara, Patti Smith, Catherine Ringer, etc.) un peu oubliée de la musique française. Pour Marcia (Rebecca Marder), une jeune artiste remarquée avec son premier album et qui enregistrait en secret avec son idole Daredjane, c’est un drame personnel et professionnel. Un choc s’amplifiant quand elle fait la connaissance d’Anthony (Félix Moati), l’héritier de la disparue, un banlieusard brusque, matérialiste et péremptoire qui ne partage absolument le même background culturel, plus porté sur le karaoké et le dancefloor que sur la préservation de l’intégrité artistique. Entre les deux, il y a des étincelles, mais aussi de l’électricité sentimentale… Un pas de deux s’instaure, mais jusqu’où leurs différences seront-elles compatibles ?

Avec beaucoup d’humour et en exposant les contradictions de ses personnages sans jamais les juger, Miche Leclerc tisse autour de son fil romantique une description très juste des coulisses artisanales du milieu musical (avec Philippe Rebbot en manager plus que flexible) et de ses apprentis, injectant des flashbacks quasi documentaires sur les métamorphoses de la carrière de Daredjane, disséquant les processus de la création musicale et les doutes inhérents aux pures ambitions artistiques face aux impératifs commerciaux. Une immersion que le cinéaste (qui a écrit le scénario avec sa complice Baya Kasmi) réussit à romancer avec sa tendresse habituelle (teintée d’une pointe de mélancolie) sans jamais compromettre l’authenticité et la sincérité de sa vision humaniste de l’existence, et en offrant à tous ses interprètes des rôles réjouissants, avec aux premières loges Rebecca Marder dont l’ascension dans le cinéma français ne fait que commencer.

Produit par Mandarin Compagnie, Les Goûts et les couleurs et vendu par Pyramide International.

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