11/07/2022 - Le deuxième long-métrage de Šimon Holý est une comédie insolite et mélancolique sur deux générations qui ont du mal à se comprendre l’une l’autre

Le deuxième long-métrage du jeune Šimon Holý, projeté dans la section Proxima du Festival de Karlovy Vary, est une comédie décalée et mélancolique caractérisée par une structure narrative linéaire et une forte dose d'humour pince-sans-rire. Holý a fait ses débuts l'année dernière, au festival tchèque également, avec Mirrors in the Dark [+lire aussi :
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interview : Šimon Holý
fiche film], sur une danseuse qui arrive à un tournant dans sa vie.

Son nouveau film, intitulé And Then There Was Love... [+lire aussi :
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interview : Šimon Holý
fiche film], suit une sexégénaire appelée Kristýna (Pavla Tomicová) sans perspectives, déprimée et désespérément en quête d'amour. Bizarrement, Kristýna est convaincue que la meilleure manière de résoudre ses nombreux problèmes est d'aller en voyage dans la région montagneuse de Vysočina. Là, elle va voir une diseuse de bonne aventure, Zdena (Tereza Hofová), qui lui fait payer plus de 600 euros pour un court séjour dans sa maison de campagne, au milieu de nulle part, et qui va lui lire les tarots. Cependant, Kristýna ne voyage pas toute seule dans cette région, : elle force Sára (Sára Venclovská) , sa fille d’une trentaine d’années, très réticente, à venir avec elle et suivre également cette étrange "thérapie exotérique".

Dans l’ensemble, Tomicová et Venclovská livrent de bonnes interprétations des deux personnages principaux. Kristýna est assaillie par mille frustrations et des démons de son passé, et elle semble prête à croire tout ce qui pourrait lui remonter le moral. Elle semble se débattre avec l’idée qu’elle n’est plus jeune, mais ne vous attendez pas à voir une femme obsédée par les cosmétiques, la chirurgie esthétique et l'idée d'avoir l'air jeune. Ce qui manque le plus à Kristýna, c’est peut-être la légèreté et la liberté de ses jeunes années, et ça rend son personnage moins stéréotypé, de sorte qu'on peut se rapporter à elle. De son côté, Sára semble plus rationnelle, plus ancrée dans le réel et elle a du mal à comprendre pourquoi sa mère continue de prendre autant de mauvaises décisions, y compris quand elle flirte maladroitement avec un collègue nonchalant qui pourrait être son fils.

Leurs conflits permettent à Holý d’explorer avec assez de profondeur le thème du choc des générations et ce que signifie grandir dans une famille dysfonctionnelle. Bien que ces sujets ne soient certes pas nouveaux, le réalisateur parvient à les rendre très évidents à l’écran, à travers des procédés comiques intelligents et des dialogues intimes intéressants.

Ici, la diseuse de bonne aventure fait figure d’étrange médiateur. Le spectateur pourrait avoir du mal à décider si ce qu'elle fait est du charlatanisme ou s'il s'agit de quelqu’un qui croit sincèrement dans l’art de la lecture des cartes comme outil pour aider les gens. Ce qui est intéressant, c’est que le personnage est présenté à travers une story Instagram où elle prétend que ce sera "la première et dernière vidéo" qu’elle publiera, car elle sent qu’elle "doit le faire". La vérité est qu’elle promeut son "expérience de la lecture des cartes" à travers une forme bizarre de publicité comparative, disant qu'elle ne prendra pas "20 euros juste pour répondre à une seule question", comme quelqu’un l’a fait récemment.

Le dénouement du récit fait honneur au développement des personnages et la dernière scène (le tout dernier plan en particulier) laisse une touche d'ambiguïté sur le personnage de Zdena et ses activités de lecture de tarot que certains spectateurs pourraient vraiment apprécier.

And Then There Was Love…. est une production tchèque de šššššFilm (Hudlice) et Aerofilms (Prague).

(Traduit de l'anglais)