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KARLOVY VARY 2022 Proxima

Critique : Zoo Lock Down

par 

- Andreas Horvath embarque le spectateur dans un périple relaxant à travers un zoo de Salzbourg fermé pour cause de Covid-19

Critique : Zoo Lock Down

Quand le monde s’est arrêté en mars 2020, ce sont les travailleurs "essentiels" qui ont assuré la continuité des affaires courantes. Certains étaient plus visibles, sur la ligne de front, d’autres plus cachés, comme les gardiens du zoo de Salzbourg, qui ne pouvaient pas s’isoler de leurs protégés pendant plusieurs mois et ont dû nourrir les animaux et s’occuper d'eux tout au long de la pandémie. Le réalisateur Andreas Horvath a visité le zoo tout au long de ces premiers mois de pandémie. Son documentaire Zoo Lock Down [+lire aussi :
interview : Andreas Horvath
fiche film
]
a fait sa première mondiale dans la section Proxima du 56e Festival international du film de Karlovy Vary.

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Sans surprise, ce que Horvath montre, dès les premiers moments du film, semble être un endroit vide de toute vie et d’activité. Un renard solitaire remue dans sa cage, deux ours se la coulent douce près de leur petite piscine, un gardien de zoo, solitaire lui aussi, jette de la nourriture à travers une ouverture, mais il n’y a plus de visiteurs tout excités d'être témoins de ce spectacle ludique. Cependant, ce premier aperçu est trompeur. Horvath ne fait que planter l'atmosphère pour se lancer à la découverte d'un monde d’animaux qui se détendent, qui jouent ou qui mangent, interagissant avec ceux qui s’occupent d'eux ou les ignorant totalement. Le sentiment apocalyptique initial cache un vrai paradis : pas de foules, pas de bruits forts. Les bêtes n'ont jamais été dans un environnement aussi proche de leur habitat naturel.

En tant que spectateur, non seulement on est tout attendri, ou froidement respectueux, devant ces animaux (singes, flamands, crocodiles, poissons, serpents, insectes, paresseux, lions, léopards...), mais on voit aussi les tâches quotidiennes effectuées ici : la préparation de la nourriture, la tonte des alpagas, le nettoyage de la piscine à piranhas, et même une insémination artificielle sur rhinocéros. La vie quotidienne des bêtes est régulièrement mise en contraste avec l’espace négatif laissé par l'absence des humains : les longues allées vides, les portes automatiques qui s’ouvrent et se ferment pour personne, le restaurant de plein air complètement déserté.

Ces images soulèvent cependant une question : pourquoi Horvath a-t-il choisi de souligner ces scènes avec sa propre partition musicale ? Les notes, qui suivent le rythme de l'image projetée, plus rapide et joyeuse quand les singes sautent partout, menaçante quand le crocodile s'approche de sa proie, annule complètement l'effet de ce qui fonctionne le mieux dans ce documentaire. Elles nuisent à la tranquillité naturelle des scènes, et aux doux sons qui constituent l'atmosphère de cet environnement : au lieu de cela, la musique injecte à l'écran de la tension dramatique voulue. Tout l'intérêt du film, à savoir que c'est un zoo dépouillé de toute pollution par les bruits humains, se perd.

Cette tentative (on le suppose) de créer sa propre variation sur le thème Le carnaval des animaux fonctionne moins bien dans les moments où des instruments à cordes jouent à plein volume par-dessus des images des habitants du zoo, alors que c'est magique quand Horvath amplifie les sons naturels en les déformant, les augmentant ou les superposant – qu'il joue d'une table de mixage remplie d’orchestration naturelle au lieu de passer de la musique classique.

Cette mélodie paisible de la vie est particulièrement court-circuitée quand le réalisateur insère le son des visiteurs absents : les murmures, les enfants impatients qui attendent qu'un animal bouge, les bébés qui pleurent, les gens qui s'interpellent, en somme le bruit d'ensemble de la civilisation. Horvath joue, de nouveau, avec ces paysages audio en les intensifiant et les déformant, mais au lieu d'obtenir une autre symphonie naturelle, il insère un son qui dérange, et dont le crescendo continu renvoie à un scénario menaçant, qui mènera, horreur, à la réouverture du zoo.

Pour le moment, seules les bêtes occupent librement l’espace jadis peuplé d'humains, se déplaçant dans le parc, occupant les allées, s'asseyant tranquillement sur les chaises et aux tables du restaurant, rendant visite aux autres animaux. C’est une variation charmante, plus paisible, du quotidien habituel du zoo, et un rappel qu'à chaque fois que l'Homme recule, la nature reprend ses droits.

Zoo Lock Down a été produit par Andreas Horvath, qui en assure aussi la distribution.

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(Traduit de l'anglais)

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