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VENISE 2022 Compétition

Critique : Love Life

par 

- VENISE 2022 : Kôji Fukada fait ses premières armes en compétition dans un grand festival international avec un conte impeccablement structuré sur des mariages qui s’entrecroisent

Critique : Love Life
Fumino Kimura et Tetta Shimada dans Love Life

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de Kôji Fukada, présenté en compétition à Venise, fait l'effet d'une expérience qui servirait à voir si on pourrait se débarrasser de tous les éléments constitutifs d’un mélodrame familial (par Farhadi, par exemple, voire même Kore-eda) soit en le vidant de son centre, soit en ne laissant que quelques clefs, quelques éléments asymétriques en place, comme la fin d’une partie de Jenga. Et bien que cela puisse au départ paraître juvénile de mentionner ce classique des jeux de société pour journées pluvieuses, le film de Fukada est aussi un récit où les mondes séparés, matures et immatures, des adultes et de leurs enfants convergent. L'histoire commence même par une fête d’anniversaire colorée, à la manière désuète, avec des dizaines de ballons se trémoussant dans l'air pour les 65 ans du grand-père. Le plus jeune membre de la famille, un beau-petit-fils de six ans, est le champion local d’un jeu de puzzle à plusieurs qui se joue en ligne et porte le nom curieux d'Othello, ce qui va acquérir une résonance étrange et persistante tandis que l’intrigue continue de suivre les générations au-dessus de lui.

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N'ayez crainte : ici pas de kitsch à la Wes Anderson. Love Life est un film très intéressant, le premier de Fukada à jouer en compétition à un des trois plus grands festivals européens, alors que le travail du réalisateur a été beaucoup montré ailleurs sur le circuit des festivals. C'est une coproduction entre le Japon et la France (ce qui se reflète aussi dans la présence de quelques Français dans l'équipe de production) qui a fait sa première cette semaine à Venise, pour rallier ensuite Toronto puis le Festival BFI de Londres.

Love Life est un film dramatique perturbant, parfois maussade, qui a choisi une manière originale d’explorer le fait qu'un deuil vécu collectivement peut amener tous les individus concernés à faire des changements assez abrupts et radicaux dans leurs vies. Dans un rôle que certaines des premières critiques publiées sur ce long-métrage ont comparé à une héroïne de film hollywoodien des années 1950 ou de shomin-geki (drame familial classique dans la tradition japonaise), Fumino Kimura excelle. Son personnage, Taeko, une interprète en langage des signes pour les services sociaux qui, après un deuil dévastateur, oscille entre son mari actuel, Jiro (Kento Nagayama), et son mari précédent, qu'elle ne voyait plus, Park (Atom Sunada), lui même sourd, de sorte qu'il communique avec elle en langue des signes. Quand il déboule de nouveau dans sa vie après la tragédie, Park et Taeko semblent avoir le lien et le respect mutuel qui étaient venus à manquer quand ils étaient officiellement ensemble - dans une des quelques ellipses intentionnelles du film, on ne découvrira jamais dans quelles circonstances ils se sont rencontrés, quoiqu’on puisse le deviner.

Makoto (Tomorowo Taguchi) et Akie (Misuzu Kanno), les parents de Jiro, ont quitté une de leurs propriétés, qu'ils habitaient, dans une zone péri-urbaine du Japon non précisée, et la lui ont donnée. Jiro, du  reste, revoit aussi une ex (au sens littéral, pas au sens où ils se "revoient"), Yamazaki (Hirona Yamazaki), après tous ces tristes événements, mais c'est surtout pour sentir un peu d'empathie et encaisser petit à petit la situation grâce à cette présence. Comme on l'a pu voir dans ses films précédents, moins bons, Harmonium [+lire aussi :
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et L'Infirmière [+lire aussi :
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, Fukada semble fasciné par l’idée du déplacement et du report à plus tard, et par le fait que les relations émotionnelles puissent être aussi compliquées, tout en restant également spontanées et bizarres. Et il faut reconnaître que le lien est très net entre ces idées et sa mise en scène, avec ses couleurs tantôt ternes, tantôt vives, et un travelling qui intervient à mi-film et "enfreint les règles" de manière fascinante, en refusant tout stabilisation de l'image, par exemple avec un système steadicam : à chaque pas du camérama, l'image saute, tandis qu'on suit Taeko désespérée, en train de poursuivre quelqu’un. Ce passage est assez génial.

Love Life a été produit par Comme des Cinémas (France) et Nagoya Broadcasting Network (Japon). Les ventes internationales du film sont assurées par mk2 films.

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(Traduit de l'anglais)


Galerie de photo 05/09/2022 : Venise 2022 - Love Life

14 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Koji Fukada, Hirokazu Kore-eda, Atom Sunada, Fumino Kimura, Anne Pernod-Sawada, Yasuhiko Hattori, Masa Sawada, Alberto Barbera
© 2022 Fabrizio de Gennaro for Cineuropa - fadege.it, @fadege.it

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