Critique : Gli ultimi giorni dell’umanità
par Camillo De Marco
- VENISE 2022 : Ce documentaire d’enrico ghezzi et Alessandro Gagliardo est un film de montage torrentiel et magmatique qui témoigne de l’unité du langage de l’image en mouvement
Les cinéphiles italiens savent bien qu'enrico ghezzi (il a pour habitude de le conserver en minuscules, comme k.d. lang) est l’auteur d’un magnifique essai sur Kubrick paru en 1977, mais il est avant tout un des grands créateurs d’émissions de télévision nocturnes qui nous ont rapprochés d'un cinéma plus alternatif, notamment Fuori orario. Cose (mai) viste (introduite par ses réflexions, décalées par rapport à l'image) et Schegge. Comment ne pas aimer un homme qui vous a fait connaître Jean Vigo, Manoel de Oliveira, Ousmane Sembène, Abbas Kiarostami, Elia Suleiman et Zhang Yimou ?
Gli ultimi giorni dell’umanità [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film], co-réalisé par Alessandro Gagliardo, est un documentaire de montage torrentiel et magmatique d’une durée de 196 minutes, sélectionné dans la section Hors-compétition Documentaires de la 79e Mostra de Venise. Le matériel de départ sont des documents achetés, numérisés et anarchivés (mot-valise réunissant anarchie et archiver) au fil des ans. À ceux-ci s’ajoutent les archives privées d'enrico ghezzi qui, de la fin des années 1970 au début des années 2000, a documenté sa vie publique et privée, y compris ses aspects les plus intimes. Dans les premières minutes du film, on voit la fille du critique-réalisateur, Aura Ghezzi, assise sur les toilettes, filmée à travers le trou de la serrure. Parmi les auteurs des nombreux fragments de film reconnaissables qui défilent ici, on peut citer Abel Ferrara, Guy Debord, Aleksandr Sokurov, Bela Tarr, Straub&Huillet, Hans-Jürgen Syberberg, Koji Wakamatsu, Sergej Paradžanov, Otar Iosseliani, Shin'ya Tsukamoto, Luciano Emmer, Bernardo Bertolucci, Carmelo Bene ou encore Federico Fellini. ghezzi a aussi inséré des fragments faits par lui qui dépeignent des artistes, écrivains ou intellectuels comme Slavoj Žižek, Philippe Garrel, Luciano Emmer, Michel Houellebecq, Michael Pitt, Eva Green, Louis Garrel, Franco Battiato, Paulo Branco, Amir Naderi, David Lynch, John Malkovich, et d'autres encore.
Du reste, Gli ultimi giorni dell’umanità n'est pas que cinéma. Beaucoup d’images proviennent des archives de journaux télévisés et de directs de l’agence de presse russe Ruptly, des archives malastradafilm. On voit aussi des images de l’espace tournées par l’astronaute Jean-Francois Clervoy, des extraits des archives Val del Omar, qui réunissent l’œuvre du cinéaste, photographe et inventeur espagnol José Val del Omar. Les images sont souvent superposées, manipulées, et les voix qu’on entend sont celles d'Adelchi Ghezzi, enrico ghezzi et Toni Servillo. À ce gigantesque travail de montage ont contribué Maria Hélène Bertino, Dario Castelli, Donatello Fumarola, Rosa Maietta et Gabriele Monaco.
"Pour moi, le cinéma est une petite machine qui met en jeu toutes les questions fondamentales, à commencer par notre rapport avec le monde", a dit une fois enrico ghezzi, aujourd’hui condamné à la chaise roulante par la maladie de Parkinson. Donner un sens à ce torrent d'images n’est pas nécessaire. Gli ultimi giorni dell’umanità ne propose rien de moins qu'un témoignage sur l’unicité du langage de l’image en mouvement. La seule manière de jouir pleinement du film est de se laisser submerger par la puissance de ces plans ayant pour seule logique le fait que l’univers des images est un continuum spatio-temporel avec trois dimensions, deux spatiales et une temporelle. À prendre ou à laisser.
Gli ultimi giorni dell’umanità a été produit par atango avec Rai Cinema et Luce – Cinecittà, en association avec Minerva Pictures Group, Cinedora et Parallelo 41 Produzioni.
(Traduit de l'italien)
Galerie de photo 07/09/2022 : Venise 2022 - The Last Days of Humanity
6 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.
© 2022 Fabrizio de Gennaro for Cineuropa - fadege.it, @fadege.it
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