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Critique : À l'Ouest, rien de nouveau

par 

- Dans ce film, qui est la troisième adaptation, mais la première d’origine allemande, du roman À l’Ouest, rien de nouveau, Edward Berger élabore un récit perturbant sur le coût de la guerre

Critique : À l'Ouest, rien de nouveau
Felix Kammerer et Albrecht Schuch dans À l'Ouest, rien de nouveau

Quand l’écrivain allemand Erich Maria Remarque a écrit À l'Ouest, rien de nouveau, en 1929, il entendait raconter la Grande Guerre selon la perspective d’un soldat. Aujourd’hui, c’est un classique de la littérature pacifiste mondiale. Des adaptations américaines du livre pour le cinéma sont sorties en 1930 et 1979, mais À l'Ouest, rien de nouveau [+lire aussi :
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, qui a fait sa première mondiale au 47e Festival de Toronto parmi les séances spéciales, est sa première adaptation allemande. Le réalisateur Edward Berger cadre l’histoire selon une perspective allemande, s'écartant de la dynamique de culpabilité pour mettre en avant le coût de la guerre pour son pays.

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Ce coût, c'est d'abord la vie de jeunes hommes, leur destin de chair à canon et l'immobilité du front à l'ouest. Les enjeux de cette guerre étaient plus des idéaux nationalistes et la lutte à mort pour des territoires de la taille de terrains de football que la gloire et l'héroïsme. Une bonne illustration de cela est proposée dès l’ouverture du film, où un soldat nommé Heinrich Gerber meurt dans les tranchées, après quoi dans le cadre d'un processus industrialisé, tout à fait ordinaire, son uniforme est nettoyé et réparé et se retrouve dans les mains de la nouvelle recrue Paul Bäumer (Felix Kammerer). "Ceci appartient déjà à quelqu’un", fait-il observer. "Ça ne devait pas lui aller", ment l’officier qui l'a recruté.

Ironiquement, ceci sera le plus gros mensonge diplomatique proféré, dans un contexte où Paul et ses camarades sont persuadés qu'ils représentent "la jeunesse de fer allemande" qui va marcher sur Paris dans quelques semaines. C’est leur instructeur qui a planté dans leurs cerveaux l’idée qu’ils se battent pour la gloire de leur patrie, mais quand Paul, Albert Kropp (Aaron Hilmer), Franz Müller (Moritz Klaus) et Ludwig Behm (Adrian Grünewald) arrivent à La Malmaison, dans le nord de la France, ils sont immédiatement frappés par la dure réalité de la guerre.

Berger n'y va pas de main morte et bonde ses plans de piles de cadavres couverts de terre, impossibles à identifier. Du sang gicle sur l’écran quand les soldats sont frappés par des grenades, abattus ou se poignardent eux-mêmes, pour en finir enfin. "J’imaginais ça différemment", gémit Ludwig, juste avant d'être tué. Berger utilise des plans longs, suivant son personnage dans les tranchées, sa caméra collée à la nuque de Paul. Le tableau de la guerre qu'il présente est bien plus sale que celui de 1917 [+lire aussi :
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, par exemple ; tout y est beaucoup plus chaotique, tandis que tout autour de Paul se disloque pour n'être plus que pure zizanie.

Dans les tranchées, les garçons se lient d’amitié avec Tjaden (Edin Hasanović) et Stanislaus Katcinzsky (Albrecht Schuch), un combattant aguerri qui devient un modèle pour Paul. Tandis que le groupe progresse à travers un théâtre des opérations désert et souvent dévasté, et que d'autres soldats continuent de tomber comme des mouches autour d'eux, l'objectif central de Berger se met à transpirer comme du sang d'une blessure. En supprimant le camp d’entraînement du livre et le court voyage de retour de Paul dans sa ville natale, où personne ne comprend les horreurs de la guerre, il montre que ce qui l'intéresse n'est pas tant la fausse propagande autour de ce conflit que le prix de la guerre : le sacrifice de la population pour un idéal bancal et un faux sentiment d'orgueil patriotique.

Au fil du récit, Paul devient de plus en plus désillusionné et mécanique dans sa manière d'obéir aux ordres, comme s'il attendait sa propre fin tragique, inévitable, sur le champ de bataille. Puis vient la trêve, qui en elle-même suggère les horreurs à venir. "Traitez votre ennemi équitablement ou il va détester cette paix", plaide Erzberger devant les Français. Personne ne veut l'entendre. Le reste est dans les livres d'Histoire.

À l'Ouest, rien de nouveau est une production entre les États-Unis et l’Allemagne qui a réuni les efforts de Netflix, Sliding Down Rainbows Entertainment et Amusement Park Film GmbH.

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(Traduit de l'anglais)

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