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ROME 2022

Critique : Rheingold

par 

- Ce film de Fatih Akin sur le rappeur Xatar est magistralement tourné, mais il perd de son homogénéité en racontant le parcours de son sujet, de réfugié kurde puis criminel à star du hip-hop allemand

Critique : Rheingold
Emilio Sakraya dans Rheingold

Des petits deals de drogue dans les quartiers au trafic de cocaïne puis à la prison pour braquage et, à partir de là, à l’ascension dans le monde de la musique rap : ce n'est pas Straight Outta Compton, mais Rheingold [+lire aussi :
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de Fatih Akin, qui a fait sa première mondiale début octobre au Festival de Hambourg pour passer ensuite à la Fête du Cinéma de Rome et arriver dans les salles allemandes le 27 octobre avec Warner Bros. Entertainment Germania. Rheingold a été tiré du livre Alles oder Nix: Bei uns sagt man, die Welt gehört dir ("tout ou rien, comme on dit, le monde est à toi"), publié en 2015 par le très populaire rappeur de Bonn Giwar Hajabi alias Xatar, qui aujourd’hui est non seulement devenu une des plus grandes stars du rap allemand, mais qui est aussi un entrepreneur et restaurateur couronné de succès.

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L'autobiographie, et le film, racontent sa vie plutôt mouvementée dès sa naissance dans un village du nord de l’Iran, dans une grotte pleine de chauves-souris (Giwar signifie "né dans la souffrance"), de parents kurdes, des musiciens essayant de fuir la fatwa de Khomeini qui ont rejoint les combattants de la résistance kurde puis ont été arrêtés et se sont échappés à Paris avec l’aide de la Croix-Rouge, pour ensuite rallier, alors que leur fils avait trois ans, la ville de Bonn, où le père a accepté un poste de chef d’orchestre à l’opéra. Suivent la séparation des parents, le deal de hashish et de cassettes VHS porno piratées, les rixes avec les Turcs du quartier, l'intérêt croissant pour la scène du hip-hop à Bonn, le trafic de cocaïne à grande échelle, puis une fuite à Amsterdam, des liens avec l’impitoyable mafia kurde des Pays-Bas et le business de la surveillance des boîtes de nuit, le retour en Allemagne et enfin le braquage d’un fourgon qui transportait clandestinement l'or de prothèses dentaires volées aux morts par des fossoyeurs partout en Allemagne. Condamné à huit ans de prison, Xatar (ce qui signifie "le dangereux") enregistre en prison son premier album à succès, sur un dictaphone qu'on lui a apporté en cachette.

Ce biopic sur un réfugié de zone de guerre qui devient un criminel cynique et un opportuniste puis enfin un rappeur inspiré qui raconte son existence difficile dans les vers de ses chansons ne pouvait être mis dans de meilleures mains que celles du réalisateur allemand d'origine turc qui a signé en 2019 l’inquiétant Golden Glove [+lire aussi :
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, qui raconte les méfaits du tueur en série de Hambourg Fritz Honka. Mais Akin semble beaucoup plus à l'aise dans la première partie du film, quand il raconte l’expulsion d'Iran, la fuite, la perte d’un logement et de son identité culturelle quand l'artiste n'est encore qu'un petit garçon, et sa descente subséquente dans l’enfer de l’éducation criminelle, celle de quelqu’un qui a l’impression de n’avoir rien à perdre. Dans les phases suivantes de ce film tourné magistralement, dans de très nombreux lieux et dans différents formats (du 4:3 au format normal au Cinemascope) et monté sur différents plans temporels, Akin semble un peu "lost in transposition". Les rencontres entre criminels, les dialogues et certaines situations, mais aussi l’attitude et le look de rappeur de Xatar lui-même (interprété par Emilio Sakraya, le Kiano de la série Netflix Tribes of Europa [+lire aussi :
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), tombent hélas dans le cliché. Divisé en brefs chapitres scandés par des cartons indiquant les dates et les villes où se déroule l’action, Rheingold semble en réalité être trois films différents. Les parties dédiées à la tentative du personnage d'entrer dans le trafic international de cocaïne et au fameux braquage (pour 1,7 million d'euros d'or, qui n'a jamais été retrouvé) transforment le film en une espèce de comédie de hold up façon Guy Ritchie (mais sans amuser autant que Snatch ou Arnaques, crimes et botanique) tant les personnages sont des bras cassés. Un approfondissement sur la contribution du héros au genre musical pluriethnique par excellence qu'est le rap aurait peut-être rendu ce récit parabolique plus homogène et intéressant.

Rheingold a été produit par Bombero International en coproduction avec Warner Bros. Film Productions Germany, Palosanto Films avec Rai Cinema, Lemming Film et Corazón International. Les ventes internationales du film ont été confiées à The Match Factory.

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(Traduit de l'italien)

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