email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

JIHLAVA 2022

Critique : The Visitors

par 

- Veronika Lišková va jusqu’au bout de la Terre, et se rend compte que les problèmes (et les gens) sont les mêmes partout

Critique : The Visitors

The Visitors [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Veronika Lišková, qui a décroché une mention spéciale au Festival international du film documentaire de Jihlava cette année (le prix principal de la section Joie tchèque étant allé à l’excellent documentaire d'art et d'essai chanté Kapr Code [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Lucie Králová
fiche film
]
, lire l'article) passe de "Mais que veux-tu donc aller faire là-bas ?" à "Je n'arrive pas à croire qu’ils ne veulent pas que tu restes !".

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

C’est ainsi que le ressent l’héroïne du film, Zdenka, une anthropologue sociale qui déménage à Svalbard, en Norvège, et qui est à vrai dire assez heureuse tout là-bas, avec sa famille. Mais il s'avère que même la vie au bout du monde est pétrie de problèmes, et que même au bout du monde, on peut se sentir mal accueilli.

C'est d'ailleurs, disons-le franchement, un peu choquant, car on parle ici d'un environnement extrêmement dur, bien qu'il présente un avantage significatif : apparemment, n’importe qui peut aller là-bas et s'y installer, tant qu’on a un travail et un endroit où vivre. Longyearbyen, qui est la zone habitée la plus nordique du monde (où, du moins selon un site touristique, "l’extraordinaire est ordinaire" et où "le Pôle Nord est juste au coin du pub") voient des gens immigrer de toutes sortes d’endroits (52 pays différents au moment du tournage). Évidemment, cela cause quelques histoires. Évidemment, certains autochtones n'aiment pas du tout ça.

Lišková écoute aussi les arguments déployés de l’autre côté, notamment à travers Zdenka – après tout, son travail est de poser des questions. C’est ce qu’elle continue à faire, interviewant toutes sortes d’habitants du lieu. Ce qu’on entend régulièrement en réponse, c'est une litanie familière ("Quand on est en Norvège, il faut parler norvégien"). Quelqu’un se plaint du fait que la communauté est à présent pleine de "visiteurs de court terme ou de touristes de long terme". Tout ceci est très reconnaissable, et ce depuis un moment, compte tenu de la crise des réfugiés en cours, mais ce contexte précis, qui combine une météo hostile, des infrasctures minières et la promesse constante de voir un renne, rend le phénomène presque cocasse.

D’autres changements significatifs sont abordés ici, comme la météo qui devient imprévisible, même à Longyearbyen. Dans un lieu où "la nature est immense et l'Homme tout petit", cela peut parfois faire peur. Pour certains, explorer ces sources de peur peut sans doute être libérateur, et peut-être que c’est pour cela que Zdenka tombe amoureuse de l’endroit : à cette échelle, tout semble petit, et c'est rassurant. Jusqu’à ce que tous ces petits soucis et commentaires désobligeants se mettent à affecter votre vie et vous placent face au constat suivant : aucun futur stable n'est envisageable ici. Et aussi : ici, on est toléré, pas accepté.

Ce film modeste mais efficace, qui a fait sa première mondiale à Locarno, pourrait paraître assez contrariant, car si on n'est pas accepté dans un endroit pareil, fait de neige et de pierre, on ne le sera probablement jamais ailleurs, à ce stade. Mais Lišková a choisi de le découvrir à travers une famille solide, qui ne se laisse pas abattre (quoique le visage défait de Zdenka soit dur à regarder, quand on lui dit qu’elle "n'a rien à faire là"). Mais encore une fois, ils ont d’autres options, d’autres endroits où ils pourraient aller, et au moins ils sont ensemble. Les autres, ceux qui sont venus en espérant que cette terre très lointaine leur offrirait enfin de la liberté, feraient en revanche mieux de reprendre leur longue route.

The Visitors a été produit par la société tchèque Cinémotif Films en coproduction avec Ten Thousand Images (Norvège), Peter Kerekes (Slovaquie) et la Télévision tchèque. Les ventes internationales du film sont gérées par Taskovski Films.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy