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THESSALONIQUE 2022

Critique : Listen

par 

- Dans son deuxième film, la Grecque Maria Douza suit une fille sourde dont le handicap fait parfois plus l’effet d’une chance que d’un malheur

Critique : Listen
Efthalia Papacosta dans Listen

Le langage n’est pas qu'un système structuré servant à communiquer, mais aussi le gardien de tout un monde à part, niché entre les lettres, les mots et les phrases. Le goufflre éventuel entre différents vernaculaires est richement exploré et transmis à travers l’histoire de Valmira (Efthalia Papacosta), l’héroïne adolescente du sensible récit d’apprentissage Listen [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Maria Douza
fiche film
]
, qui vient d’être présenté au Festival international de Thessalonique. Les obstacles qu’elle a besoin de surmonter dans son parcours pour parvenir à se connecter aux autres sont multiples – si nombreux, à vrai dire, qu’on n'a aucun mal à se mettre à sa place et à s’identifier avec le rejet spontané auquel elle est confrontée, ni à comprendre pourquoi elle refuse de porter son appareil auditif et évite de s’intégrer dans le monde "normal". Le bourdonnement qui s'immisce, irritant, dans ses oreilles et ses pensées, tandis que les fréquences audio du monde extérieur assaillent ses sens à travers ce petit appareil n’est évidemment pas la seule raison.

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Après la mort de sa grand-mère, qui l'avait jusque là élevée, Valmira, 16 ans, est forcée de déménager pour vivre sur une île lointaine avec son père et la nouvelle famille de celui-ci et de quitter l'excellente école spéciale pour enfants sourds où elle allait à Athènes, et où elle se sentait à l'aise et acceptée. Sa nouvelle belle-mère bulgare (Yoanna Boukovska-Davidova) et son demi-frère Ari (Dimitris Kitsos) ne sont pas franchement accueillants, pas plus que son père (Yorgos Pirpassopoulos), avec lequel elle n'avait pas franchement de relation avant et qui, s'il sait utiliser la langue des signes, n’est pas capable de la réconforter et de l'apaiser – car elle se sent comme une intruse, même dans le village. Au-delà de tout cela , ses nouveaux camarades tendent à être ouvertement hostiles non seulement vis-à-vis des nouveaux arrivants, mais également entre eux. Suffoquée par les frictions qui dominent à la maison et la malveillance d'ensemble de son environnement immédiat, Valmira préfère souvent s'enfermer dans le petit monde isolé de sa surdité au lieu d’avoir constamment à gérer cette réalité traumatisante. Cependant, le destin a d’autres projets pour elle : ses sentiments inattendus pour un garçon du coin (Nikos Koukas) vont l’amener à découvrir la communication et les connexions interpersonnelles sous un autre jour. Parallèlement à son parcours personnel, le gang provincial composé des individus méfiants et solitaires qui l’entourent pourrait bien être influencé par elle et se transformer imperceptiblement, pour devenir enfin une communauté soudée.

En usant d’une approche intime mais délicate des mondes intérieurs de chacun des personnages tout en continuant de s’appuyer sur des glissements narratifs afin de livrer une intrigue dynamique, Listen évolue en funambule entre la prémisse de film d’auteur et l’envie de toucher un public plus vaste. Sa palette de couleurs pâle, composée par le chef opérateur Zaphiris Epaminondas, correspond à l’humeur d'ensemble, globalement introvertie et mélancolique, mais d'un autre côté, l’action riche en énergie qui se déploie, en s'appuyant sur toute la troupe des jeunes acteurs, est un outil attrayant pour s'assurer que les spectateurs ne se perdent pas dans la simple observation. Maria Douza, simultanément scénariste et réalisatrice du film, parle ici d’adaptation et de grands changements dans la vie, comme le font la plupart des récits d’apprentissage. En l’espèce, cependant, le processus d’acquisition de plus de maturité s’applique non seulement aux jeunes, mais aussi à l’unité familiale et à la petite communauté dépeintes dans le film.

Listen a été produit par la société grecque Steficon en coproduction avec l'ensigne bulgare Ars Digital.

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(Traduit de l'anglais)

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