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FILMS / CRITIQUES Serbie

Critique : The Winter of One Spring

par 

- Milan Nikodijević raconte l’histoire derrière une photo iconique et dépeint l’expérience du Printemps de Prague du point de vue des élèves qui étudiaient à la FAMU à l’époque

Critique : The Winter of One Spring

Milan Nikodijević est un critique de films, un intellectuel et un documentariste qui s’intéresse principalement aux sujets en lien avec le cinéma yougoslave et l’histoire culturelle. Il est surtout connu pour sa série de six documentaires coréalisés avec Dinko Tucaković, série au format télé consacrée aux auteurs censurés de la Vague Noire yougoslave. Son nouveau documentaire, The Winter of One Spring, examine une autre période de l’histoire yougoslave. Celle du célèbre mouvement des "FAMU Boys" ou de "l’École tchèque", et notamment des souvenirs datant de l’époque de la FAMU de plusieurs étudiants yougoslaves sur leur séjour à Prague lors des événements dramatiques du Printemps de Prague et de l'invasion soviétique de 1968. Il a récemment fait l'objet d'une projection spéciale au Festival du film d’auteur de Belgrade.

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Nikodijević commence son film par un plan statique, celui d'un appareil photo, dont les caractéristiques sont imprimées sur une carte d'information textuelle, sur fond de "Vltava" de Bedřih Smetana, avant de raconter l’histoire d’une photo jamais prise. Il s’agit en réalité de ses souvenirs d’enfance de l’été 1968 et de l’installation d’une famille, arrivée en Skoda blanche immatriculée en Tchécoslovaquie, devant une école du village serbe où il vivait. La famille de retour de vacances sur la côte Adriatique lorsqu’elle apprît l’invasion, décida de rester sur place en attendant que la situation se calme.

Cependant, une autre photo a été prise, une photo entrée dans la légende. La photo en question était celle de Jan Palach, avant son immolation, la tête enveloppée dans le drapeau tchèque. Elle a été prise à la morgue et vendue à Paris Match et autres journaux célèbres. L’auteur de ce cliché était un étudiant yougoslave de la FAMU, Predrag "Pega" Popović, devenu par la suite célèbre pour ses nombreux films yougoslaves légendaires et populaires. Cette photo est l’élément principal du film et Popović notre principal (mais pas unique) guide à mesure que nous nous en rapprochons.

Dans une série d’entretiens, Nikodijević réunit les histoires d'autres étudiants yougoslaves de la FAMU à l'époque, des réalisateurs comme Srđan Karanović, Goran Marković, Rajko Grlić et Lordan Zafranović, qui aux côtés de Popović se remémorent leurs années étudiantes, les différences économiques et culturelles entre la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie à l’époque, les jours de gloire du Printemps de Prague, les manifestations après l’invasion, leurs activités pour venir en aide et protéger leurs camarades et professeurs tchèques, ce que représentait Palach dont le symbole qui a évolué au fil des ans. Sans oublier les anecdotes concernant des Tchèques et des étrangers de la sphère cinématographique, littéraire, culturelle et journalistique et les circonstances autour de la photo de Pega. Dans la troisième partie, il suit Pega, au cours d’un voyage à Prague où il espère récupérer des images peut-être perdues, égarées, voire détruites des manifestations.

The Winter of One Spring est un récit captivant, raconté avec clarté et enthousiasme par Nikodijević, Popović et le reste des personnes interviewées. Ses qualités informatives et narratives en font une œuvre précieuse de l’histoire culturelle et cinématographique centrée sur plusieurs pays nés de ces deux fédérations. Sur le plan esthétique, stylistique et technique, le film est utile et bien maitrisé, mais jamais excessif. Notamment le montage d'Aleksandar Komnenović qui est suffisamment précis et fluide pour faire du film une expérience visuelle agréable, à défaut d'être spectaculaire.

The Winter of One Spring est une production serbe d’Arbos Production et Štap&kanap Production.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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