email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

SUNDANCE 2023 Compétition World Cinema Documentary

Critique : 20 jours à Marioupol

par 

- Ce film de Mstyslav Chernov relate les premières semaines, terrifiantes, de l’invasion par les Russes, et nous montre des images de tirs d'obus, de morts de civils et du bombardement d’une maternité

Critique : 20 jours à Marioupol

Mstyslav Chernov, accompagné du photographe Yevgeny Maloletka et de la productrice Vasilisa Stepanenko, sont arrivés à Marioupol le 24 février 2022, une heure avant le début de l’invasion russe, dans le cadre d’une équipe de l'AP (Associated Press). Ils ont documenté tout ce qui se passait dans cette ville, y compris le désastre humanitaire causé par le siège, les enterrements de masse de civils, les crimes commis par les troupes russes et le travail des médecins, et ils ont été les premiers à montrer au monde les conséquences du bombardement de l'hôpital pédiatrique. Chernov et Maloletka ont envoyé aux médias des fichiers que le monde entier a regardé ensuite, cachés sous des escaliers près d’une épicerie aplatie par les bombes – le seul endroit à Marioupol où il y avait encore du réseau.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

20 jours à Marioupol [+lire aussi :
interview : Mstyslav Chernov
fiche film
]
, qui vient de gagner le Prix du public de la section World Cinema Documentary de Sundance (lire l'article), est très dur à regarder et impossible à visionner sans verser une larme. Il contient des images d’enfants mourants à l'hôpital, ce qui est dur à oublier. Tous les enfants amenés à l’hôpital qui ont été filmés sont morts ensuite. La monteuse Michelle Mizner a dit qu’elle n’avait jamais autant pleuré en montant une vidéo.

Le documentaire est très fidèle aux faits et contient des images ambiguës de civils pillant la ville. À ce moment-là, l’équipe du film avait pour base l’hôpital, et passait leurs nuits là-bas. Ensuite, quand ils sont retournés vers le centre-ville, ils ont vu tout ce qui se passait, y compris les gens dévalisant les magasins. Il y avait même des magasins où ils étaient tout simplement autorisés à entrer et prendre tout ce dont ils avaient besoin. Chernov et ses collègues ne reconnaissaient tout simplement plus la ville.

Le manque d’informations sur le blocus à ce moment-là servait deux objectifs : le premier était de semer le chaos, car les gens ne comprenaient pas ce qui se passait et étaient conséquemment pris de panique. Le deuxième était d'agir en toute impunité : sans image des bâtiments détruits et des enfants mourants, les soldats russes pouvaient faire tout ce qu’ils voulaient.

Le 15 mars, l’équipe AP est parvenue à quitter Marioupol grâce au couloir humanitaire. Les images vidéo que Chernov a emportées avec lui sont devenues la base du documentaire. Le problème, au moment de leur fuite, est qu'à ce stade, Chernov et ses collègues n'avaient plus de voiture et ne pouvaient tout simplement pas soit travailler, soit quitter la ville. Ils ont eu la chance qu’un policier qui les avait aidés précédemment leur prête de nouveau main forte et leur fasse passer, ainsi qu'à sa famille, les postes de contrôle russes, dans une voiture complètement détruite et criblée d'éclats d'obus, et sans fenêtres. Ils ont réussi parce que beaucoup de gens partaient ce jour-là. Le chaos aux checkpoints et la vigilance moindre des Russes a joué en leur faveur. Les gens qui ont tenté de passer le lendemain n'ont pas eu la même chance.

Chernov est un vidéaste, reporter-photographe, réalisateur, correspondant de guerre et écrivain ukrainien qui travaille actuellement pour l'AP. Il est président de l’Association ukrainienne des photographes professionnels. Il a couvert la révolution de la Dignité, la guerre en Ukraine de l'Est, les suites du crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines, la guerre civile syrienne, la bataille de Mossoul en Irak et l’invasion de l’Ukraine par les Russes en 2022. Les documents collectés par Chernov ont été publiés et diffusés par de nombreux médias partout dans le monde.

20 jours à Marioupol a été produit par la société ukrainienne Frontline et Associated Press. Dogwoof vend le film à l'international.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy