email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

GÖTEBORG 2023

Critique : Hypermoon

par 

- Mia Engberg s’immerge en profondeur dans un univers personnel fait de réminiscences, de temps, de voyages spatiaux et de found footage

Critique : Hypermoon

Simultanément à la parution de la liste des plus grands films de Sight and Sound, FLM, la revue suédoise de cinéma, réalise tous les dix ans un sondage national. Le dernier date d’octobre 2022. The Phantom Carriage (1921) de Victor Sjöström demeure le gagnant incontesté suivi, sans surprise, par A Swedish Love Story : Une Histoire d’amour suédoise (1970) de Roy Andersson et de Persona (1966) d’Ingmar Bergman. Un des lauréats les plus palpitants, à savoir Belleville Baby [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
(2013) de Mia Engberg débarque à la 20e place, ce qui représente une belle performance pour une "autofiction" intimement personnelle sur les retrouvailles par téléphone de deux anciens amants, le tout accompagné de vignettes, de discussions et de réflexions sur une variété de sujets éclectiques. C’est avec Hypermoon [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Mia Engberg
fiche film
]
que, dix ans plus tard et après le deuxième opus, Lucky One [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Mia Engberg
fiche film
]
, Engberg boucle enfin sa "trilogie Belleville". Comme les deux films précédents, celui-ci est présenté en avant-première dans la Compétition Documentaires Nordiques du Göteborg Film Festival.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Pour les spectateurs familiers de l’univers d’Engberg ou qui sont invités à le rejoindre, le ton d’Hypermoon est immédiatement reconnaissable, avec de longues discussions détaillées sur le vieux tourne-disque portable de Mia et une description d’un instant d'éternité impliquant un oiseau et une montagne. Tout cela avant même le générique de début. Vient ensuite une visite à l’hôpital, qui va marquer une rupture dans le temps. Il y aura désormais un "avant" et un "après". En effet, la narratrice va recevoir un diagnostic qui va la secouer. De nouveaux projets vont voir le jour, des anciens seront annulés, dont un tournage de film (pour une version de la 3e partie que nous verrons peut-être un jour ou pas). Au lieu de cela, Mia réfléchit à la réalisation d’un film entièrement noir, utilisant uniquement des voix. Vincent appelle de Paris. Avec Mia ils se remémorent leur première rencontre lors d’une soirée dans les catacombes. Les images du Paris des années 1990, qui servent de toile de fond à leur conversation, semblent indubitablement appartenir à un autre temps et à un autre lieu. Elles ont probablement été tournées à la même époque que certains des vieux films de Mia que Vincent vient de trouver dans une vieille boîte au sous-sol. Il va sans dire qu'il y a ici des images pour remplir notre écran noir de toutes sortes de couleurs.

Qui plus est, ces "found footage", récupérés par Vincent contiennent des images de Vincent lui-même, ce qui est nouveau dans la trilogie. Nous faisons également la connaissance des enfants de la réalisatrice, un adolescent et une fille d’une vingtaine d’années, qui nous apportent au quotidien une joie et un réconfort certains entre les visites à l'hôpital. Hypermoon peut certainement être vu comme le film le plus sincère d’Engberg, qui nous laisse voir ses proches et sa propre maladie, avec dignité et élégance, non sans une subtile dose d’humour. Parmi les autres petits plaisirs, nous avons une plongée dans l’histoire de Valentina Tereshkova, première femme cosmonaute, un poème de Sun Ra sur la construction d'un monde de rêves abstraits, une allusion à Baby the cat, un poster bleu de Derek Jarman, un singe en peluche plutôt cool, une interprétation incroyable d’Édith Piaf par Grace Jones et l’histoire passionnante des grands-parents de Mia, qui ont gagné deux ans de suite le concours local du balcon le mieux décoré. Bien que l’idée de l'écran noir n'ait heureusement jamais abouti, il est à parier qu’Engberg aurait pu captiver certains d'entre nous avec un tel scénario.

Hypermoon est une production suédoise de Story AB.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy