email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

IFFR 2023 Cinema Regained

Critique : Pero

par 

- Damjan Kozole rend hommage au regretté comédien Peter Musevski, légendaire en Slovénie, à travers un film intéressant et touchant qui parle de beaucoup de choses, bien au-delà de son sujet direct

Critique : Pero

Au cours de l’hiver 2019-2020, le célèbre réalisateur slovène Damjan Kozole et Peter Musevski, l’un des acteurs les plus connus du pays, ont commencé à travailler sur un scénario retraçant la vie et les rôles de ce dernier. Ils ont imaginé le film comme un hybride, mêlant des formes et des genres différents. Il aurait été leur neuvième ensemble. Lorsque Musevski a mis fin à ses jours en mars 2020, Kozole a poursuivi le travail engagé. Bien que manifestement différent de l’idée originale, la structure reste la même. Le long-métrage, intitulé Pero (surnom affectueux pour Peter) vient d’être présenté en avant-première dans la section Harbour de l’IFFR.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Le film se divise en quatre chapitres distincts et commence par un atelier sur les techniques du psychodrame animé par le réalisateur Tomi Janežič, aux côtés d’un groupe d’acteurs avec lesquels Musevski a travaillé au cours de sa carrière, qui compte 55 génériques. Le public étranger en reconnaîtra certains, notamment Primož Pirnat et Nina Ivanišin, qui ont joué avec Musevski dans Slovenian Girl [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Kozole, ou Nina Rakovec et Jure Henigman, élevés au rang de star après le succès d’A Trip [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Jure Henigman
interview : Nejc Gazvoda
fiche film
]
de Nejc Gazvoda.

Ce chapitre révèle l’amour et le respect que lui témoignaient ses collègues, mais il aborde également des questions majeures relatives à la santé mentale. Son combat contre la dépression n’était un secret pour personne, du moins parmi les amis de l’acteur, qui s’est donné la mort en sautant d’un balcon. Dans l’une des scènes les plus poignantes du film, l’une des actrices "joue Pero" et monte les escaliers, se penchant au-dessus de la rampe en chancelant. Alors que les autres se pressent autour d’elle ou au-dessous pour "attraper Pero", les cloches d’une église voisine retentissent. On dirait qu’il est midi.

Le deuxième chapitre, une pure fiction, figurait également dans le scénario original, et a véritablement eu lieu. Il révèle que Musevski croyait que tous les rôles qu’il jouait finiraient par lui arriver dans la vie. Ainsi, lorsque la jeune réalisatrice Tina Ščavničar "le" contacte pour interpréter un tueur en série, il hésite. Pirnat effectue un excellent travail ici, incarnant à s’y méprendre son collègue disparu.

Le troisième chapitre est le plus conventionnel. Il passe en revue l’ensemble de ses rôles à travers des extraits, qu’il replace également dans leur contexte pour nous faire découvrir son personnage le plus emblématique : une figure paternelle défaillante, débonnaire et modeste, mais pétri d’angoisses et aux prises avec des problèmes complexes profondément ancrés. Il semblerait que Musevski ressemblait de ce point de vue à son personnage.

Enfin, dans le dernier chapitre, Kozole livre une chronique du mois où Musevski est décédé et où la COVID-19 a paralysé la planète. Avec une voix off grave, le réalisateur raconte ce qu’il a vécu et ressenti au cours de ces jours terribles, avec les images des rues vides de Ljubljana et des manifestations antigouvernementales. Mais il repense sans cesse à son ami, incinéré à Zagreb le lendemain du plus important tremblement de terre que la ville a connu en 140 ans. Le film nous laisse un sentiment d’apocalypse.

Cependant, le film ne s’achève pas sur une note déprimante. Il s’achève par la vidéo que Musevski a filmée avec son portable, sur laquelle sa femme joue avec leur chien au bord d’un lac. Cette fin constitue un vibrant hommage à l’homme qu’il était.

À première vue, Pero pourrait sembler se limiter à une histoire intime, mais ce qu’il raconte va au-delà et évoque la santé mentale, l’industrie et l’art cinématographiques. Il aborde également la nature des relations, les espoirs, les craintes et les attentes. Le film est bien réalisé avec différentes intensités de tons que Kozole parvient à maîtriser pour offrir aux spectateurs une expérience cinématographique remarquable.

Pero est une production de Vertigo Ljubljana, également responsable des ventes à l’étranger.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy