email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2023 Panorama

Critique : Sages-femmes

par 

- BERLINALE 2023 : Léa Fehner plonge en fiction deux jeunes sages-femmes débutantes dans le chaos d’un métier sous pression où la frontière est très fine entre la joie et le drame

Critique : Sages-femmes
Khadija Kouyaté dans Sages-femmes

"Les problèmes, il y en a tout le temps. Bienvenue à l’hôpital public, mais on est une équipe". Quel plus beau métier sur le papier que celui d’aider à donner naissance, mais en même temps ce sont d’énormes responsabilités et d’émotions partagées à canaliser dans un environnement hospitalier en équilibre très précaire pour cause de priorité financière donnée depuis des années à une gestion à flux tendu. "Si on continue à tout accepter, on va perdre un bébé". En s’attaquant en fiction au sujet sous l’angle de l’intégration et de l’initiation complexe de deux jeunes débutantes dans le métier, la cinéaste française Léa Fehner (très appréciée avec ses deux opus précédents, Qu’un seul tienne et les autres suivront [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Qu'un seul tienne et les a…
fiche film
]
et Les Ogres [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
) ne cache pas son engagement et sa profonde préoccupation dans le très dynamique Sages-femmes [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Léa Fehner
fiche film
]
, présenté au Panorama de la 73e Berlinale et second volet (après À l’abordage [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Guillaume Brac
fiche film
]
de Guillaume Brac) d’une collection de films pour Arte interprétés par des étudiants de dernière année du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

"Ça va aller. On assure". Aux portes de l’hôpital, les deux amies Sofia (Khadija Kouyaté) et Louise (Héloïse Janjaud) se motivent et se rassurent. Après cinq ans d’études, c’est le grand jour, le premier de leur vie professionnelle de sages-femmes. C’est un tourbillon qui les accueille, une visite éclair des locaux, des remontrances des anciennes ("si tu ne retiens pas ce que je te dis, ça ne va pas aller", "c’est quoi ce débordement émotionnel ? Tes états d’âme, tu les laisses au vestiaire. On est au niveau trois des pathologies les plus graves. Ca va être compliqué avec toi"). D’accouchement en accouchement, étape par étape, de l’adrénaline et du bonheur collectif des naissances "faciles" aux erreurs de jugement (Sofia ne détecte pas une rupture utérine et le bébé est sauvé d’extrême justesse : "on a un cœur, espérons que le cerveau n’est pas trop bousillé") qui suscitent un cercle vicieux de stress et de doutes ("on ne peut pas sauver tout le monde") parasitant le travail, de la gestion des futures grand-mères intrusives au désarroi de remettre à la rue des migrantes et leurs nouveaux-nés, des débriefs électriques aux fêtes de service, l’équipe de la maternité en sous-effectif maintient le bateau à flot. Le roseau plie sans se rompre, mais jusqu’à quand ?

Ces yeux grands ouverts sur la réalité, l’intensité et le sang-froid nécessaire à un métier aux sources de la vie (mais quand on dit vie, la mort plane aussi), la réalisatrice (qui a écrit le scénario avec Catherine Paillé) leur offre son dynamisme allant à l’essentiel dans les limites imposées du genre du film hospitalier (l’espace contraint, le respect quasi documentaire de l’activité et de l’ambiance propres à l’univers médical) et injectant un peu d’humour pour éviter le trop-plein d’émotions et de drames. Tout n’est pas parfait dans ce mélange très sympathique tentant de saisir par le petit bout de l’entonnoir une vaste complexité individuelle et collective, mais à travers la perte de l’innocence de ses deux jeunes protagonistes et leur professionnalisation, Léa Fehner réussit à faire passer très clairement son message de dénonciation des conditions de travail au bord de la rupture dans les maternités de France.

Produit par Geko Films pour Arte France, Sages-femmes est vendu par Pyramide International.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy