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BERLINALE 2023 Compétition

Critique : 20 000 espèces d’abeilles

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- BERLINALE 2023 : Estíbaliz Urresola se lance dans le long-métrage avec un film sensible, revendicatif et émouvant, interprété par des comédiennes excellentes

Critique : 20 000 espèces d’abeilles
Patricia López Arnaiz et Sofía Otero dans 20 000 espèces d’abeilles

Il y a quelques années, à une édition du Festival du cinéma européen de Séville durement frappée par cette maudite pandémie, l’auteur de ces lignes a été très ému en découvrant Petite fille [+lire aussi :
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de Sébastien Lifshitz, qui montrait comment une mère courage se démenait pour que le collège accepte sa fille sous l'identité de genre correspondant à ce que la petite se sentait être. En septembre dernier, l’Espagnole Marta Nieto est alée aux Festival des Arcs pour présenter son court-métrage Son, où une mère et son fils se perdent dans un labyrinthe qui est en fait la métaphore des problèmes d’identité et d’acceptation auxquels sont confrontés les enfants transgenres (l'actrice prépare d'ailleurs en ce moment, autour du même thème, son premier long-métrage comme réalisatrice, intitulé La mitad de Ana). L’héroïne du court-métrage était incarnée par Patricia López Arnaiz, qu’on retrouve maintenant dans un des rôles de 20 000 espèces d’abeilles [+lire aussi :
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d'Estíbaliz Urresola, un premier long-métrage qui vient d'être projeté dans le cadre de la compétition officielle du 73e Festival de Berlin, et je ne crois pas me tromper en imaginant que Carla Simón, qui a remporté l'année dernière l'Ours d'or et fait cette année partie du jury, va trouver des traits communs entre son film, Alcarràs [+lire aussi :
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, et celui d'Urresola, qui se situe également dans un milieu rural et réfléchit aussi aux changements et à la notion de foyer, même si les conflits autour desquels s'articule son intrigue sont différents (quoique tout aussi universels).

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En effet, dans 20 000 espèces d’abeilles, on fait la connaissance, le temps d'un été, d'une famille composée d’un couple et de ses enfants, or le plus jeune commence à manifester le désir qu'on l'appelle Lucia. Ceci va avoir des effets dévastateurs, tant au niveau de la structure sociale immuable dont ce gens font partie que sur le regard des autres par rapport à cette famille, notamment la mère.

Urresola, qui a également écrit le scénario du film, en situe l’action dans un village basque, un microcosme où les femmes de différentes générations interagissent en occultant certains aspects troubles de leur passé, étant habituées à l'inertie du fait de la honte et la pudeur qui les empêchent de vivre leurs existences pleinement et d'affronter avec courage les métamorphoses que l'avenir leur met devant les yeux. De fait, l’éclosion de cette fille/sœur/nièce/petite-fille transgenre va avoir un effet déclencheur pour chacune d'entre elles : toutes auront des réactions différentes, contraires ou adverses, car la nouveauté n’est pas toujours acceptée quand on s'y heurte soudainement.

Ainsi, la réalisatrice, dont le court-métrage Cuerdas a été présenté à la Semaine de la Critique de Cannes, parle à présent de pluralité, d’exploration et de transformation avec une sensibilité infinie, à travers un récit riche en subtilités et en symboles (quoique la durée du film, deux heures, soit un peu excessive), en s'appuyant sur le superbe travail de ses comédiennes. En effet, Patricia López Arnaiz et Ane Gabarain sont ici tout aussi incroyables que dans Ane [+lire aussi :
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et Patria [+lire aussi :
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, respectivement. Quant à Sofía Otero, aucun adjectif ne saurait suffire à faire à sa prestation l'éloge qu'elle mérite (attention à cette enfant : impossible de ne pas succomber à son talent). 

20 000 espèces d’abeilles a été produit par Gariza Films, Inicia Films et Sirimiri Films. Après Berlin, le film va rallier le Festival de Malaga, en mars, avant d’arriver dans les salles espagnoles le 21 avril, distribué par  Bteam Pictures. Les ventes internationales du film sont assurées par Luxbox.

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(Traduit de l'espagnol)

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