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CPH:DOX 2023

Critique : Phantom Parrot

par 

- Après ce menaçant documentaire de Kate Stonehill, vous ne verrez peut-être plus jamais les contrôles de passeport dans les aéroports britanniques du même oeil

Critique : Phantom Parrot
Muhammad Rabbani dans Phantom Parrot

Ce mois de mars 2023 marque le 20e anniversaire du début de la guerre en Irak, un des moments clefs de la guerre contre la terreur lancée par l’administration George W. Bush juste après les attentats du 11 septembre. C'est donc un bon moment pour regarder Phantom Parrot de Kate Stonehill, qui a fait sa première dans le cadre de la compétition F:Act à CPH:DOX. Le titre se réfère à un programme de surveillance top secret conçu pour copier les données personnelles enregistrées dans les appareilss électronique des passagers arrivant au Royaume-Uni.

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Selon l’annexe 7 du Terrorism Act de 2000, n’importe qui peut être être interpellé à la frontière, arrêté, fouillé et interrogé. Depuis le début des années 2000, la sécurité des pays et des individus est devenue une priorité pour les gouvernements, mais aussi une excuse pour des opérations clandestines qui violent les droits humains les plus élémentaires. Phantom Parrot montre la facette sombre du serment de "servir et protéger" auxquelles répondent les institutions publiques. Le documentaire se déploie comme un bon reportage, ainsi qu'un thriller. Plus on s'enfonce dans le sujet, plus on a l’impression que n’importe qui peut être surveillé ou persécuté pour des raisons aussi claires qu’elles le sont pour Joseph K. dans Le procès de Kafka. Et la nouvelle tendance des "dimanches hors-ligne" ne suffira pas à nous protéger.

Stonehill, qui remercie dans le générique de fin Edward Snowden et les journalistes d'investigation en général pour leur travail, interviewe des victimes d’abus de pouvoir ou de persécutions injustes, mais fournit aussi des éléments de contexte plus vastes. Elle intègre au film des images d’archives sur la procédure d'adoption du Terrorism Act de 2000 au parlement, bien que la loi violât clairement les droits civils et humains.

Elle parle à un avocat américain qui s'est occupé du cas d'Ali Al-Marri, un homme faussement accusé d’être un "combattant ennemi" et incarcéré pendant 13 ans aux États-Unis. Elle enregistre aussi un cours donné par un spécialiste de la sécurité, qui explique comment la surveillance peut être utilisée à l'encontre de n’importe quel détenteur moyen d'appareils électroniques. Pourtant, Muhammad Rabbani (le personnage principal du film) n’était pas exactement une personne moyenne quand il a été appréhendé alors qu'il rentrait au Royaume-Uni après un mariage au Qatar. Il avait sur lui des preuves qu'Al-Marri avait été illégalement détenu et torturé. Rabbani est resté en garde à vue pendant six heures : on l'a interrogé et on lui a demandé les mots de passe et codes PIN de ses appareils... enfin, on ne lui a pas exactement demandé, puisque selon l'annexe 7, toute personne arrêtée perd son droit à l’intimité et se retrouve obligée de donner accès à son téléphone ou son ordinateur portable à la police (sachant que la même annexe permet à la police de garder n’importe qui pour un interrogatoire de six heures). Comme Rabbani a refusé d'obtempérer, il a été sanctionné par trois mois d'emprisonnement. En plus d’avoir sur lui des données sur Al-Marri, Rabbani est aussi un activiste et directeur d’une organisation qui s’appelle Cage, qui suit les mesures prises par le gouvernement et ses agences pour influer sur les communautés musulmanes. Beaucoup de choses ont été dites sur la peur et la discrimination dans le monde d’après le 11 septembre. Phantom Parrot ajoute une autre voix, distincte, à ce choeur. Il n’y a pas de système de sécurité parfait, mais certains sont plus imparfaits que d’autres.

Phantom Parrot est une coproduction entre les États-Unis et le Royaume-Uni pilotée par Steven Lake. Les ventes internationales du film sont gérées par Amanda Lebow de CAA.

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(Traduit de l'anglais)

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