email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BIF&ST 2023

Critique : Il ritorno di Casanova

par 

- Dans son nouveau film, présenté en première mondiale à la 14e édition du Bif&st, Gabriele Salvatores réfléchit sur le temps qui passe, le déclin physique et le rapport entre le cinéma et la vie

Critique : Il ritorno di Casanova
Fabrizio Bentivoglio et Toni Servillo dans Il ritorno di Casanova

La mélancolie de Leo Bernardi est également perçue par l’appartement où il vit, entièrement domotique et hyper-accessoirisé, qui à un certain moment semble devenir fou : les lumières s’allument et s’éteignent toutes seules, les robinets crachent de l’eau à l’improviste, le couvercle de la cuvette des toilettes reste bloqué au lieu de se lever complètement. Leo (incarné par Toni Servillo), le personnage principal du nouveau film de Gabriele Salvatores, est un réalisateur encensé qui arrive à son crépuscule, professionnellement comme personnellement, et n’arrive vraiment pas à accepter son lent déclin. Ainsi, tandis qu’il s’efforce de terminer un film sur Giacomo Casanova, pressé par les attentes de son producteur (Antonio Catania), qui craint de perdre son investissement, les sollicitations de son monteur (Natalino Balasso), qui veut boucler ce travail, et par sa rivalité avec un jeune cinéaste qui pourrait bien lui siffler sa place à la Mostra de Venise, sa maison aussi manifeste un malaise. C’est une des touches surréalistes qui ponctuent Il ritorno di Casanova [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, le 20e long-métrage du metteur en scène oscarisé (pour Mediterraneo, 1991), librement inspiré du Retour de Casanova d’Arthur Schnitzler. C’est un titre construit comme un jeu de miroirs entre un réalisateur et le personnage de son film (Casanova est interprété par Fabrizio Bentivoglio), qui parle d’une gloire désormais passée et de jeunesse perdue, et dont Salvatores reconnaît que c’est son œuvre la plus personnelle.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Il ritorno di Casanova, projeté en première mondiale au 14e Festival international Film&Tv de Bari, saute continuellement de la fiction à la réalité grâce au montage alterné de Julien Panzarasa, et distingue nettement les deux visuellement : la vraie vie, celle de Leo aujourd’hui, alors qu’il tâche de finir son film, est en noir et blanc ; les décors du film en costumes et en perruques sur un héros du XVIIIe siècle, où un Casanova devenue vieux tente misérablement de séduire une jeune fille (Bianca Panconi), sont quant à eux en couleurs. Tandis qu’il travaille, péniblement, sur le montage de son film, Léo, dans une soixantaine déjà bien avancée, découvre qu’il a beaucoup de choses en commun avec son personnage principal, parce que tout comme Casanova, il s’est retrouvé récemment à vivre une passion pour une jeune femme (Sara Serraiocco) et à devoir accepter l’inexorabilité du temps qui passe. Leo, vain, obsédé par son travail et la célébrité, est traversé par des souvenirs de cet amour qui l’a pris par surprise et qu’il n’a pas eu le courage de prendre totalement à bras le corps.

Une foule de thèmes s’enchevêtrent dans cette mise en abyme cinématographique, parfois onirique, scénarisée par Salvatores avec Umberto Contarello (La Grande Bellezza [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Paolo Sorrentino
fiche film
]
) et Sara Mosetti (le trio a déjà signé ensemble le scénario de Volare [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
) : celui du double, celui de la décadence physique (ici montré avec courage et sans voile), celui de la force de séduction qui fane avec le temps, celui du rapport entre le cinéma et la vie, et des caprices et manies liés au métier, celui du neuf, qui avance toujours. Leo fait aussi face à l’assaut des journalistes, qui comme une armée, continuent leur chasse aux scoops et que Leo repousse au fleuret. Servillo et Bentivoglio brillent dans leurs rôles respectifs : l’autodérision du premier finit par rendre Leo sympathique, même dans ses frivolités ; le second compose un Casanova qui touche dans la manière dont il se révèle absolument pas préparé à affronter la vieillesse. “Tu es jeune, mais je suis Casanova”, dit ce dernier à son beau rival en amour, mais cette obstination à vouloir se répéter lui-même est vouée à l’échec. Aussi parce que, comme riposte la jeune maîtresse de Leo : “J’ai toute la vie devant moi, et tout le temps de retomber amoureuse”, ce qu’elle n’aurait pas pu formuler plus cruellement.

Il ritorno di Casanova a été produit par Indiana Production avec Rai Cinema, Ba.Be Productions et EDI Effetti Digitali Italiani, en collaboration avec 3 Marys Entertainment. Le film sort dans les salles italiennes le 30 mars, avec01 Distribution. Ses ventes internationales sont gérées par Rai Com.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy