30/03/2023 - Ivano De Matteo porte un vrai coup à l’estomac avec ce nouveau film dramatique, projeté au 14e Bif&st, sur une adolescente victime de manipulation et la tentative de ses parents de la sauver

Un père, une mère et une fille adolescente, des rires dans la cuisine, des portes qui se ferment, des sketches sur TikTok, des retours après le couvre-feu fixé par les parents. Quelques réprimandes, mais pas tant que ça, parce que Mia est une gentille fille, qui fait simplement des choses de son âge : elle met du rouge à lèvres, sort avec ses copines, joue au volleyball, en somme, c’est une fille de 15 ans heureuse. C’est dans le quotidien d’une famille solide et accueillante que nous fait entrer Ivano De Matteo dans son nouveau film, Mia [+lire aussi :
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interview : Ivano De Matteo
fiche film] nous présente ses personnages principaux avec affection et sincérité (ils pourraient être vos amis ou vos voisins), pour matérialiser petit à petit la peur de tout parent : que quelque chose ou quelqu’un ne vienne inopinément éteindre le sourire de son enfant.

Dans Mia, ce quelqu’un est un garçon un peu plus grand, séducteur et un peu ténébreux, qui conquiert le cœur de la jeune héroïne (la comédienne débutante Greta Gasbarri) dès le premier regard. Ils commencent à se fréquenter, et Marco (Riccardo Mandolini, de la série TV Baby) ne tarde pas à manifester des attitudes malsaines : il téléphone à Mia cinquante fois par jour, lui dit comment s’habiller, l’isole de ses ami(e)s, la suit partout... Le père de la jeune fille, Sergio (Edoardo Leo), note que quelque chose ne va pas, mais la mère (Milena Mancini) minimise : "Elle est juste amoureusee. Pendant ce temps-là, Mia se referme de plus en plus sur elle-même, et ses beaux yeux bleus cessent de briller. Hélas, quand la situation atteint des sommets (la jeune fille disparaît toute une nuit) et que les parents décident d’intervenir, c'est-à-dire de l'éloigner de cette relation toxique, il est déjà trop tard : Marco a tourné des vidéos intimes et il est prêt, par vengeance, à les montrer à tout le monde.

"Revenge porn", violence psychologique et abus de pouvoir sont les sujets du film, qui évoque aussi les méandres tordus de la justice et l’impuissance d’un parent devant l’arrogance d’un manipulateur de vingt ans ("Elle est à moi, elle n’est plus à toi"), qui semble pourtant irrépréhensible (il vient d’une bonne famille, ne se drogue pas, n'a jamais levé la main sur la jeune fille), mais est en réalité en train d'entraîner une jeune fille dans un cauchemar. De Matteo dit avoir écrit ce film (avec sa compagne et fidèle collaboratrice Valentina Ferlan, avec qui il a deux enfants exactement de l’âge des deux jeunes personnages) en tant que parent, pour faire la lumière sur ce qui peut arriver aujourd’hui à nos adolescents. Le résultat est un récit plein d’amour (entre mari et femme, entre des parents et leur fille, entre meilleures amies) qui se transforme en cri d'alarme sur les dangers de l’incommunicabilité, les nouveaux pièges de la technologie et certains signes à ne pas sous-estimer.

Le réalisateur a tourné sur pellicule, caméra à l’épaule, en restant attaché aux corps et aux visages de ses personnages, pour comprendre leurs émotions. Certaines parties du film auraient pu être plus concises et quelques répétitions et légers moments de pathos de moins auraient sans doute bénéficié au film, mais (comme l'affirme De Matteo lui-même), même dans le montage, il tenait à suivre le rythme des personnages, sans accélérations soudaines. Edoardo Leo, pour qui jouer ce rôle a été "humainement dévastateur", livre une de ses interprétations les plus complètes, montrant dans les 108 minutes que dure le film et son registre léger et ironique, et sa capacité à émouvoir.

Mia a été produit par Lotus Production (société du Leone Film Group) avec Rai Cinema. Le film arrive dans les salles italiennes le 6 avril, avec 01 Distribution.

(Traduit de l'italien)