VENISE 2025 Giornate degli Autori
Aux 22e Giornate degli Autori, le personnel est politique
par Vittoria Scarpa
- La section parallèle de la Mostra de Venise proposera 25 titres représentant 20 pays, répartis entre sa compétition, son volet hors-compétition, les séances spéciales et les Notti Veneziane

L'urgence de raconter l'époque dans laquelle nous vivons, la guerre, l’exil, mais aussi l’amour, la famille et la mémoire individuelle qui se fait conscience collective : voici certains des thèmes qui parcourent l’intéressante sélection 2025 des Giornate degli Autori – qui promet d'être particulièrement intense en émotions, telle que l'a décrite ce matin, à Rome, la directrice artistique de l'événement, Gaia Furrer. La 22e édition de cette section indépendante parallèle à la Mostra de Venise (27 août - 6 septembre) proposera en tout 25 films représentant 20 pays du monde : dix en compétition, un film de clôture projeté hors compétition, cinq en séance spéciale, plus les neuf productions majoritairement italiennes des Nuits vénitiennes et les deux courts-métrages du projet Miu Miu Women’s Tales. "Ce sont des films qui dialoguent tous entre eux, et avec nous, pour rendre compte de l'état du monde en ce moment historique compliqué, précise Furrer, mais qui, au-delà de leurs liens thématiques assez impressionnants, nous ont frappés par leur éclectisme formel : ils comprennent des documentaires et des films de fiction, des films radicaux et d’autres plus accessibles".
Plus que jamais cette année, "le personnel est politique". L'ouverture de la compétition a été confiée à un premier long-métrage (comme beaucoup d'autres titres de la sélection) : Memory de Vladlena Sandu, un film autobiographique et politique où la réalisatrice évoque les années pendant lesquelles, à six ans, après le divorce de ses parents, elle a déménagé de la Crimée à Grozny, sans savoir que la guerre allait consumer son enfance. La guerre de Tchétchénie est aussi la toile de fond de Short Summer de Nastia Korkia, dont l'héroïne est aussi une fillette, de huit ans, qui passe l’été avec ses grands-parents dans la campagne russe tandis que la guerre fait rage et détruit des vies humaines. Anoche conquisté Tebas, de Gabriel Azorín, est un film qui joue avec le temps et l’espace : il se passe dans des bains où se rencontrent des personnages antiques et modernes et repose sur "une grammaire filmique radicale, peut-être la plus radicale de la compétition", selon Furrer. Un autre titre joue avec le temps qui transporte pour la première fois les Giornate au Kenya : Memory of Princess Mumbi de Damien Hauser, une fable de science-fiction qui se passe en 2093, où un jeune réalisateur se retrouve dans un village reculé pour documenter les effets d'une guerre dévastatrice qui a balayé l'intelligence artificielle.
L'Italie est représentée en compétition par La gioia de Nicolangelo Gelormini, avec Valeria Golino et Saul Nanni, sur le lien interdit qui s'instaure entre une professeure de lycée et un élève. C'est en revanche de Grèce qu'arrive Bearcave, de Stergios Dinopoulos et Krysianna B. Papadakis, sur l’amour qui naît entre deux filles dans un village dominé par les traditions patriarcales. Une autre histoire d'amour bouleversante est au programme : les deux personnages de A Sad and Beautiful World, de Cyril Aris, doivent décider s'ils veulent fonder une famille et essayer de trouver le bonheur au Liban, malgré les tragédies qui ont le mis le pays sur les genoux. La sélection est complétée par deux films iraniens – Past Future Continuous, de Morteza Ahmadvand et Firouzeh Khosrovani, et Inside Amir d'Amir Azizi – et un film mexicain, Vainilla de Mayra Hermosillo.
Les cinq films qui feront l'objet de séances spéciales sont tous des documentaires. Laguna, de Sharunas Bartas, est “un film bouleversant” qui part de la mort de la fille aînée du cinéaste pour déployer une méditation sur la vie, la nature et la foi. Écrire la vie - Annie Ernaux racontée par des lycéennes et des lycéens de Claire Simon (dont ce sera la première présence aux Giornate), brosse un portrait original de l'écrivaine nobelisée à travers l'impact que ses livres ont sur les élèves français. C'est en revance un retour aux Giornate pour Gianluca Matarrese avec Il quieto vivere, sur une querelle familiale dans un village calabrais perdu, un film à mi-chemin entre documentaire et fiction, à la fois épique et grotesque. Do You Love Me, de Lana Daher, est une lettre d’amour à Beyrouth réalisée avec du matériel d’archives. Enfin, dans Qui vit encore, Nicolas Wadimoff donne la parole à neuf réfugiés palestiniens qui sont parvenus à fuir Gaza et à survivre au génocide en cours.
La section Notti Veneziane sera ouverte par Dom de Massimiliano Battistella, sur les enfants orphelins de Sarajevo qui ont été accueillis en Italie en juillet 1992, pour être à l'abri de la guerre. Le programme des Nuits comprend aussi Toni, mio padre d'Anna Negri, Confiteor. Come scoprii che non avrei fatto la rivoluzione de Bonifacio Angius, Amata d'Elisa Amoruso et Film di Stato de Roland Sejko.
Les Giornate se termineront en toute légèreté avec le nouveau film, présenté hors compétition, de Gianni Di Gregorio (vainqueur du Lion du futur 2008 avec Le Déjeuner du 15 août [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film]) : Come ti muovi, sbagli. Le film a pour personnage central un ancien enseignant à la retraite (incarné par le réalisateur lui-même) dont la vie monotone est bouleversée par l’arrivée de sa fille (Greta Scarano), en pleine crise conjugale.
La sélection :
Compétition
Memory - Vladlena Sandu (France/Pays-Bas) (film d’ouverture)
Past Future Continuous - Morteza Ahmadvand et Firouzeh Khosrovani (Iran/Norvège/Italie)
A Sad and Beautiful World - Cyril Aris (Liban/États-Unis/Allemagne/Arabie saoudite/Qatar)
Inside Amir - Amir Azizi (Iran)
Anoche conquisté Tebas - Gabriel Azorín (Espagne/Portugal)
Bearcave - Stergios Dinopoulos et Krysianna B. Papadakis (Grèce)
La gioia - Nicolangelo Gelormini (Italie)
Memory of Princess Mumbi - Damien Hauser (Kenya/Suisse)
Vainilla - Mayra Hermosillo (Mexique)
Short Summer - Nastia Korkia (Allemagne/France/Serbie)
Hors-compétition
Come ti muovi, sbagli - Gianni Di Gregorio (Italie) (film d’ouverture)
Événements spéciaux
Laguna - Sharunas Bartas (Lituanie/France)
Do You Love Me - Lana Daher (France/Liban/Allemagne/Qatar)
Il quieto vivere - Gianluca Matarrese (Italie/Suisse)
Écrire la vie – Annie Ernaux racontée par des lycéennes et des lycéens - Claire Simon (France)
Qui vit encore - Nicolas Wadimoff (Suisse)
Miu Miu Women’s Tales
#29 Autobiografia di una borsetta - Joanna Hogg (Italie)
#30 Fragments For Venus - Alice Diop (États-Unis/France)
Notti Veneziane
Amata - Elisa Amoruso (Italie)
Confiteor. Come scoprii che non avrei fatto la rivoluzione - Bonifacio Angius (Italie)
Dom - Massimiliano Battistella (Italie/Bosnie-Herzégovine)
Indietro così! - Antonio Morabito (Italie)
Toni, mio padre - Anna Negri (Italie)
Una cosa vicina - Loris G. Nese (Italie)
Film di Stato - Roland Sejko (Italie)
6:06 - Tekla Taidelli (Italie/Portugal)
Life Beyond the Pine Curtain – L’America degli invisibili - Giovanni Troilo (Italie)
(Traduit de l'italien)
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