email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES Portugal / France

Critique : Justa

par 

- Le nouveau film de Teresa Villaverde, sur un douloureux travail de deuil, est aussi une méditation sur le rapport entre l'homme et la nature

Critique : Justa
Madalena Cunha dans Justa

Une petite fille accompagnée par une psychologue, un homme qui est l'évidence un grand brûlé, une vieille dame aveugle, un garçon qui joue rageusement au ballon : voilà les héros de Justa, le nouveau long-métrage de fiction de la réalisatrice portugaise encensée Teresa Villaverde (sélectionnée en compétition à Venise en 1994 avec Três irmãos, à Berlin en 2017 avec Colo [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Teresa Villaverde
fiche film
]
), projeté au 27e Festival do Rio dans le cadre de l'initiative Europe! Voices of Women+ in Film de l'EFP-European Film Promotion. Au-delà des précités, il y a un autre grand "personnage" dans le film : un cimetière, car tous ces gens ont en commun le fait qu'ils ont perdu des êtres chers dans un accident tragique que le scénario de Villaverde dévoile peu à peu, amenant le spectateur à recomposer graduellement le puzzle des événements.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

La nature sauvage est présente dès les premières séquences, où apparaissent des arbres déracinés, des amas de terre, des branches sèches – des images un peu sinistres qui défilent sur un air de Brahms. Justa (la petite Madalena Cunha, franchement excellente) est une fillette de dix ans qui a du mal à dormir la nuit. Son père Mariano (Ricardo Vidal) est gravement brûlé, de la tête aux pieds, et Justa s’occupe de lui. Peu après, on voit Mariano se rendre au cimetière avec Elsa (Betty Faria), une vieille dame non-voyante, chacun un bouquet à la main pour fleurir les tombes de leurs chers défunts respectifs : dans le cas de Mariano sa femme, et la mère de Justa, dans celui d'Elsa son mari, de la mort duquel Elsa se sent responsable. Au cimetière, on voit aussi un garçon, Simão (Alexandre Batista), qui fait des tirs de ballon contre le mur d'enceinte et qu'on voit ensuite se promener parmi les tombes, de jour comme de nuit.

À travers les calmes conversations qu'ont les personnages entre eux, presque toujours à deux et avec la caméra fixée sur leurs visages – en particulier les dialogues entre Mariano et Elsa, Justa et sa psychologue (Filomena Cautela), elle-même endeuillée, et Elsa et Simão –, on comprend ce qui unit ces personnes, quelles circonstances tragiques ont causé la mort de leurs êtres chers alors qu'eux ont survécu. Le film, fictionnel, s’inspire des grands feux de forêt qui ont dévasté le Portugal en 2017, tuant de nombreuses personnes restées piégées dans les villages environnants ou les voitures bloquées sur la route tandis que l’asphalte fondait et que les hautes températures incinéraient tout. "Si on s’était occupés des arbres et des forêts, personne ne serait mort", entend-on dans le film. Quelqu’un d’autre prévoit qu’un jour, "tout va de nouveau brûler".

Justa raconte l’après, la nécessité de cohabiter avec la peine et le souvenir d’événements dont on porte pour toujours les marques dans sa chair (brûlures, cécité). Le film parle aussi d'une nature qui ne pardonne pas ("Eau, feu, pourquoi ne nous laissez-vous pas tranquilles ?") et qu'il conviendrait de respecter davantage. Une œuvre méditative, profonde, qui évoque une tragédie en en montrant peu et en en disant beaucoup, avec délicatesse et sobriété.

Justa a été produit par Alce Filmes (Portugal) en coproduction avec Epicentre Films (France). Les ventes internationales du film ont été confiées à Portugal Film.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy