08/07/2005

Zerwany (Torn) était présenté au Festival du Film Européen de Bruxelles dans le cadre de L'Age d'Or Cinédécouverte, présentation de premières œuvres organisées par la Cinémathèque Royale de Bruxelles. Dans une ambiance tantôt crépusculaire tantôt blafarde, le premier long métrage de fiction du polonais Jacek Filipiak suit les déboires d’un orphelin lâché dans le monde, en but à la violence du réel. Un film coup de poing qui frappe fort dès les premières images quand une femme sert à manger à cet enfant sauvage et libre, qui ne dit pas merci et recrache dans son assiette la nourriture. Fouetté pour son ingratitude, Mateusz revient à table et engloutit son assiette jusqu’à l’étouffement, regard empli de haine et d’impuissance.

En suivant son personnage, Jacek Filipiak s’affranchit du mélodrame pour filmer ce corps en fuite, écorché, vibrant de colère et de peur. Dans la maison de correction où il atterrit pour avoir volé du pain, le film enregistre le fonctionnement d'un groupe de jeunes garçons qui reproduisent les violences qu'ils subissent et ne trouvent de cohésion qu'autour d'une victime expiatoire. Au milieu des coups, Mateusz, lentement, s'asphyxie. Si le film semble induire que la maîtrise de la langue, dans laquelle l'enfant se réfugie, est une issue de secours, Zerwany trouve son apogée dans un dernier plan, lorsque l'enfant, silencieux, tête baissé, s'avance face caméra dans une école publique où les cris des autres enfants qui se taisent peu à peu sur son passage n'en finissent pas de résonner, laissant présager du pire, l'impossibilité finalement de revenir à la parole.

Jacek Filipiak avait réalisé en 1999 Bidul un documentaire qui avait reçu de nombreux prix. Produit par la télévision polonaise (Telewizja Polska) et vendu à l'international par Contra studio, Zerwany a reçu un très bon accueil de la critique et de nombreux prix dans différents festivals, notamment le FIPA d'argent au Festival International de Biarritz en 2003.