21/05/2007

Le réalisateur espagnol Jaime Rosales, découvert dans la Quinzaine des réalisateurs en 2003 avec son premier film, The Hours of the Day, revient sur la Croisette avec son nouveau travail, Solitary Fragments, projeté aujourd'hui dans la section Un Certain Regard.

Ce film très féminin, qui parcourt les vies de trois soeurs, leur mère et une femme dont le bébé est mort lors d'un attentat terroriste, est avant tout un exercice sur la forme et le récit. La multiplicité des regards joue ici un rôle crucial, car l'écran est constamment divisé en deux parties. Rosales a en effet décidé de projeter de chaque côté des plans différents de la même scène qui se concentrent soit sur les personnages vus en gros plan soit simplement sur le décor. Les acteurs sont souvent hors champ, un choix audacieux qui donne effectivement au film un style contemplatif, jamais trop présent, qui suit doucement la pente du récit.

"Un artiste doit tâcher de trouver de nouveaux modes d'expression, mais pas à tous prix", dit Rosales. "Dans l'espèce, le procédé choisi convient aux conflits des personnages. Ils se sentent un grand besoin d'être ensemble, mais n'y parviennent pas".

Le scénario de cette composition atypique divisée en cinq actes aurait facilement pu tourner en mélodrame larmoyant, mais, de même que quand les personnages sortent du champ, Rosales a également décidé d'occulter certains des moments les plus dramatiques du récit, du moins les conséquences les plus immédiates des scènes-clef.

Peu de vrais éclats ont lieu entre les personnages, ce qui requiert du public une capacité à lire entre les lignes et au-delà du silence. Petra Martínez mérite une mention spéciale pour le parfait mélange de fragilité et de force qu'elle a su créer pour son personnage, celui d'une mère qui doit faire face aux différends entre ses trois filles.

Solitary Fragments, tourné en sept semaines pour un budget d'1,7M €, a été produit par Fresdeval Films, In Vitro Films et Wanda Vision, avec le soutien de TVE, de l'ICAA et du Programme Media. Les ventes internationales du film ont été confiées à la société allemande The Match Factory.

Commentant son évolution de son premier à son deuxième long métrage, Rosales dit qu'il "a préservé son intégrité artistique tandis que la production s'est industrialisée".

(Traduit de l'anglais)