25/07/2008

Onze longs métrages, onze "déclinaisons du cinéma d'auteur" sont au programme des Journées des Auteurs – Venice Days (28 août-6 septembre), événement promu par l’ANAC et l'API dans le cadre de la Mostra de Venise.

Après cinq ans d'existence, cette section (dirigée pour la troisième édition par Fabio Ferzetti) continue de s'interroger sur le cinéma contemporain : "Y a-t-il encore de la place pour un cinéma différent ? Quel champ d'action reste-t-il a qui évolue en dehors des règles du marché ? Comment concilier la sacro-sainte nécessité de dialogue avec les spectateurs sans tomber dans l'homologation des goûts et du langage cinématographique?".

Cette année, le profil des Venice Days est plus que jamais " résolument eurocentré", explique Ferzetti. Il s'agit d'"histoires de fuite, de gain de maturité et de transformation derrière lesquelles on devine les inquiétudes d'une Europe toujours plus insatisfaite et problématique".

Ce n'est pas par hasard si, hormis Una semana solos de l'Argentine Celina Murga (pour la deuxième fois sur le Lido après Ana y los otros), tous les films de la sélection proviennent cette année du vieux continent. Même Machan, pourtant tourné au Sri Lanka avec des acteurs singalais, porte la marque du prestigieux novice derrière la caméra Uberto Pasolini, producteur de Full Monty. Son film a été financé principalement par l'Italie et l'Allemagne.

Quatre autres metteurs en scène présenteront leur premier film aux Venice Days et concourront de fait pour le prix transversal Lion du futur – Prix Luigi De Laurentiis. L'Anglaise Sallie Aprahamian, qui vient du théâtre et de la télévision, propose l'adaptation d'un sujet des acteurs Doraly Rosa et Dan Fredenburgh : Broken Lines. Ce n'est d'ailleurs pas le seul cas de collaboration entre cinéaste et interprète(s) : le film "no-budget" Un altro pianeta, de Stefano Tummolini, a été écrit avec son acteur principal Antonio Merone. L'action du film se déroule dans les dunes de la plage nudiste de Capocotta, près de Roma.

Les autres premiers films choisis sont : la production finlandaise The Visitor de Jukka-Pekka Valkeapää, titre le plus inquiet et visionnaire de la sélection qui renvoie à Tarkovsky, et Hooked, extravagante comédie philosophique roumaine d'Adrian Sitaru qui rappelle "La Leçon" de Ionesco.

L'accent est cette année mis sur les cinématographies est-européennes : la Slovénie est représentée par le film hitchcockien Landscape n. 2, deuxième oeuvre pour le cinéma du prolifique romancier Vinko Moderndorfer, tandis que la Pologne est représentée par Scratch de Michal Rosa, entre drame bergmanien et variation sur le thème de La vie des autres [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Florian Henckel von Donner…
interview : Ulrich Muehe
fiche film]. C'est enfin de République Tchèque qu'arrive A Country Teacher de Bohdan Sláma, délicate histoire d'homosexualité interprétée par Pavel Liska (également à l'affiche de The Visitor).

Le titre flamand Nowhere Man de Patrice Toye, tableau de la fragilité humaine librement inspiré de Mattia Pascal d Pirandello, apportera une touche d'humour noir. La France est représentée par Stella de Sylvie Verheyde, version féminine (et en grande partie autobiographique) des Quatre cents coups dans le Paris des années 1970.

Deux documentaires complètent le programme : Che saccio de Camille d’Arcimoles, journal intime qui parcourt en moins de cinquante minutes cinq années de la vie des très jeunes Francesco Casisa et Filippo Pucillo, acteurs dans les films d'Emanuele Crialese, et Il Passato è il mio bastone de Flavia Mastrella et Antonio Rezza, auto-analyse en forme de film qui est en même temps une attaque affectueuse contre les critiques de cinéma qui suivent leur travail depuis leurs premiers films.

La Villa des auteurs, quartier général des Venice Days, accueillera en outre beaucoup de rencontres, événements et projections spéciales (notamment celle du documentaire Un Paese possibile de Silvio Soldini). La section, comme toujours non-compétitive, donne toutefois lieu, comme toujours, à la remise du traditionnel Label Europa Cinémas, qui garantit au film vainqueur une promotion, une présence sur les 1710 écrans du réseau, et cinq copies pour l'Italie offertes par Technicolor.

(Traduit de l'italien)